Le point sur ... les valeurs du CAC40

Le CAC évolue actuellement dans des marges extrêmement réduites. Comment expliquer cette apathie de l'indice vedette de la Bourse de Paris ?« Nous sommes effectivement, depuis quelques semaines, dans un tunnel relativement étroit, entre 6.200 et 6.600 points. Cette situation cache cependant des mouvements importants de réallocation des capitaux entre, d'une part, les dix valeurs représentatives du secteur de la Nouvelle économie, et, d'autre part, les trente valeurs de l'économie traditionnelle. « Alors que les dix valeurs du secteur des TMT s'adjugeaient près de 50 % de hausse au début du mois de mars, elles ne sont plus aujourd'hui en progression que de 18 à 20%. Les valeurs traditionnelles, qui avaient été délaissées au cours des six mois précédents, ont par contre retrouvé l'intérêt des investisseurs. Les premières à en bénéficier ont été les valeurs défensives, comme Danone, Aventis ou L'Oréal. Les cycliques après avoir amorcé un mouvement de rattrapage, ont souffert des craintes de ralentissement de la croissance économique mondiale. « Cette thématique de marché devrait se prolonger jusqu'à ce que l'impact de la convergence de l'informatique, des médias et des télécommunications soit estimé avec précision pour toutes les sociétés. Les valeurs traditionnelles devraient notamment accentuer leurs efforts de communications, pour valoriser les atouts retirés des investissements réalisés dans les nouvelles technologies. « Globalement, nous pensons que le second semestre de l'année sera positif, et devrait permettre à l'indice d'enregistrer une progression de 20% sur l'ensemble de l'exercice boursier, pour s'établir à 7.200 points. La seule incertitude concerne l'évolution de la conjoncture américaine. La Réserve fédérale est probablement allée trop loin dans son entreprise de resserrement monétaire : la hausse du 16 mai dernier n'était pas nécessaire selon nous. Toutefois, il ne s'agit pas de sombrer dans le pessimisme après avoir encensé le miracle économique américain. Je pense plutôt qu'un atterrissage en douceur se profile, au terme duquel la croissance américaine s'établira aux alentours de 3,5%, contre plus de 5% au 1er trimestre 2000. Les conséquences devraient donc être limitées pour les marchés boursiers européens, à part, peut-être, pour les sociétés cycliques ».Vivendi continue d'alimenter la chronique boursière avec l'introduction prochaine de la filiale environnement du groupe. Que pensez-vous de cette valeur ?« Cela fait maintenant trois ans que Jean-Marie Messier a inventé le terme de « convergence » pour qualifier l'interaction de l'informatique, des médias et des télécommunications. Avec le rachat de Seagram, il est aujourd'hui en train de mettre en pratique cette conception de la Nouvelle économie. Peut-être va-t-il un peu trop vite pour les marchés financiers, mais il dispose d'une véritable stratégie de développement du groupe, qui passe par le désengagement progressif dans son métier traditionnel et l'alliance d'un catalogue de contenu particulièrement riche avec les apports d'Universal, et de moyens de diffusion propres au groupe (Canal+ et le réseau de téléphonie mobile). « N'oublions pas également que les actifs de Seagram dans les vins et spiritueux sont de bonne qualité. Messier va avoir toute liberté pour s'en séparer dans les meilleurs conditions, et réorganiser Seagram autour de son seul pôle média. La dilution des bénéfices mise en exergue par les analystes ne doit pas non plus être surestimée, en raison de la faible linéarité des résultats financiers dans les secteurs de la musique ou du cinéma. « Ces éléments étant pris en compte, Seagram me semble une bonne acquisition stratégique pour Vivendi. Le marché devrait rapidement s'en apercevoir, et permettre au titre de rebondir après la chute qui a suivi l'annonce des modalités de l'opération. » Deux autres sociétés du CAC - Aérospatiale-Matra au travers de l'introduction d'EADS et France Télécom par la mise en bourse de Wanadoo - vont prochainement faire appel au marché. N'existe-t-il un risque de saturation des investisseurs ?« L'assèchement des liquidités est évoquée de façon récurrente, et souvent de manière excessivement alarmiste, par le marché boursier. Je ne pense pas qu'existe actuellement un tel risque. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les entrées de capitaux enregistrées par les sociétés d'assurance-vie, qui se comptent en dizaine de milliards d'euros. De plus, les investisseurs reviennent de façon croissante vers les marchés actions, à mesure que les effets de la correction des mois de mars et d'avril se dissipent. Les capitaux qui seront levés par France Télécom et Eads en devraient donc pas modifier sensiblement l'équilibre actuel entre offre et demande de capitaux. »
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