Le point sur ... la stratégie d’investissement

Les taux longs se sont sensiblement tendus au cours des dernières semaines, pesant sur le cours des obligations. Est-il temps, aujourd'hui, de se repositionner sur les marchés obligataires ou anticipez vous un nouvel accroissement des taux longs ?Je sous-pondère actuellement les obligations dans la perspective d'une nouvelle hausse des taux longs. Le rendement de l'emprunt d'Etat allemand à trente ans devrait s'établir 5,70 % en fin d'année, contre 5,40 % actuellement, et le taux de l'OAT française à 10 ans devrait s'élever de 30 points de base pour atteindre 5,80 %. Les causes de cette hausse des taux longs sont bien connues. Les banques centrales poursuivent le resserrement de leur politique monétaire, provoquant un relèvement des taux courts qui se diffuse sur les taux longs. De plus, le léger regain inflationniste incite les investisseurs à demander des rendements obligataires plus élevés. La baisse des taux longs, au cours des mois de mars et avril, était due à un phénomène très temporaire de fuite vers la qualité, et ne reflétait pas une tendance de marché. Un renouvellement de ce mouvement ne constitue pas un scénario central à l'heure actuelle.Existe-t-il actuellement une décorrélation des marchés actions américains et européens, comme semblent l'indiquer les indices ?S'il existe une décorrélation, elle est uniquement dans les indices, et pas dans la thématique de marché. Cette thématique est la même depuis deux mois : elle consiste en une réallocation des actifs du secteur des TMT vers les valeurs traditionnelles. Cette réallocation se fait entre les indices aux Etats-Unis, en raison de leur spécialisation. Le S&P 500, fortement lesté en valeurs de l'ancienne économie, est proche de ses plus hauts historiques, alors que l'indice Nasdaq des valeurs de croissance a cédé près de 30 % par rapport à son sommet du 10 mars dernier. La situation est différente en Europe. Les grands indices regroupent de façon relativement équilibrée des valeurs de la nouvelle et de l'ancienne économie. La réallocation des capitaux de l'un vers l'autre secteur n'a donc pas entraîné de correction sensible des indices, mais simplement une rotation sectorielle des flux financiers.Quelle est, selon vous, la pondération géographique idéale d'un portefeuille actions équilibré ?Je sur-pondère actuellement les marchés d'Europe continentale. Le marché allemand est, me semble-t-il, la meilleure destination d'investissement, car les entreprises devraient bénéficier de la reprise actuelle de la croissance économique. De plus, la réforme fiscale et les restructurations en cours vont améliorer sensiblement les perspectives de bénéfices des sociétés cotées. La France est également un marché intéressant, bénéficiant d'une croissance économique dynamique, ce qui se traduit par un taux de croissance rapide des profits. J'ai par contre une opinion neutre sur le marché britannique. Le ralentissement attendu de la croissance économique et la poussée des risques inflationnistes devraient aboutir à une révision à la baisse des bénéfices. Concernant les Etats-Unis, on peut également anticiper un ralentissement prochain de la croissance, à mesure que les hausses de taux réalisées par la Fed porteront leurs fruits. Les marchés considèrent habituellement qu'il faut entre six et neuf mois pour qu'un resserrement monétaire ait un impact sur la croissance. J'ai enfin une pondération neutre du Japon. La reprise économique ne s'est pas confirmée clairement dans l'archipel, et la visibilité sur la croissance des profits des entreprises est faible. Les restructurations doivent se poursuivre, en particulier dans le secteur bancaire, avant que les investisseurs ne reviennent massivement sur ce marché.
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