Le point sur ... les valeurs du CAC40

Le CAC a battu deux nouveaux records jeudi et vendredi dernier, et affiche une progression de plus de 10 % depuis le début de l'année. Comment expliquer cette très bonne performance de l'indice français ?Remarquons d'abord que l'Europe a, de manière générale, connu de meilleures performances que les places américaines. Cela s'explique par la conjonction de deux facteurs macro-économiques. Tout d'abord, alors que la croissance américaine montre des signes d'essoufflement, l'activité reste dynamique sur le continent européen, et cette tendance ne devrait pas être démentie à court-terme. Ensuite, la politique monétaire reste beaucoup plus accommodante dans la zone euro qu'aux Etats-Unis ; le différentiel de taux courts a ainsi atteint 275 points de base après la décision récente de la Réserve fédérale de relever d'un demi-point ses taux directeurs. En Europe, le marché français a incontestablement été l'un des plus performants. Ceci est largement lié à la composition des indices. La pondération des valeurs du secteur des TMT est en effet sensiblement supérieure dans le CAC à ce qu'elle est par exemple dans l'indice DAX de la bourse de Francfort. Malgré la correction connue par ces titres, ils continuent d'afficher des gains conséquents depuis le début de l'année. Ensuite, le secteur cyclique est moins représenté dans le CAC que dans les autre indices européens. Or, le ralentissement probable de l'économie américaine commence à peser sur ces valeurs. Enfin, l'indice parisien a bénéficié d'un effet de rattrapage sur les titres France Télécom et Alcatel. Après une année 1999 en demi teinte, ces deux valeurs du secteur des télécommunications ont sur-performé l'indice depuis le début 2000. Comment expliquez vous le rebond brutal connu la semaine dernière par les valeurs du secteur des télécommunications ?Il faut d'abord préciser que ce rebond n'est pas une particularité française, mais qu'il a été constaté dans l'ensemble des pays européens. La défiance des investisseurs pour les opérateurs de télécommunications avait été déclenchée par l'attribution aux enchères des licences UMTS au Royaume-Uni. Les analystes s'interrogeaient sur les niveaux de valorisation atteints par les sociétés de téléphonie mobile au regard des coûts qu'allaient engendrer le passage à la troisième génération de téléphones portables. Le rachat d'Orange par France Télécom, à un prix situé dans le haut de la fourchette retenue par le marché pour valoriser l'opérateur britannique, a quelque peu apaisé ces craintes. Cette acquisition a montré que les plus grands opérateurs restaient intéressés par la consolidation de leurs positions sur le territoire européen, y compris à des prix d'achat élevés. Pour la France, le mode d'attribution des licences UMTS, dévoilé hier, a également pesé dans le sentiment des investisseurs à l'égard du secteur. Le « beauty contest » clarifie la situation en assurant pratiquement aux trois opérateurs GSM actuels (France Télécom, Vivendi et Bouygues) la possibilité de décrocher une licence de troisième génération. Cette amélioration générale du sentiment de marché ne doit toutefois pas empêcher les distinctions entre les grands opérateurs de téléphonie présents dans le CAC. Nous sommes à l'heure actuelle très positifs sur Vivendi, qui mène dans le secteur des télécommunications et médias une stratégie cohérente. L'alliance conclue avec Vodaphone devrait notamment porter rapidement ses fruits. En ce qui concerne France Télécom, notre analyse est plus mitigée. Le groupe a payé cher l'acquisition d'Orange et le montage financier est sur le fil du rasoir. Le premier opérateur français devra en effet faire appel au marché, par l'introduction de New Orange, pour financer l'acquisition de l'ancienne filiale de Mannesmann. C'est pourquoi nous considérons que, à 170/180 euros, France Télécom est bien valorisé. Bouygues est enfin un placement plus spéculatif sur lequel il est difficile de se faire une opinion tranchée.LVMH serait en discussion avec PPR pour organiser la cession de la participation qu'il détient dans Gucci. S'agirait-il d'une bonne opération pour le groupe de Bernard Arnault ?La volonté de Bernard Arnault de céder les quelque 20 % détenus par LVMH dans Gucci est un secret de polichinelle. Le problème est que PPR ne peut pas détenir plus de 45 % du capital de Gucci sans provoquer une OPA sur l'ensemble des titres de la société italienne. Dans ces conditions, PPR doit trouver un repreneur financier qui assure le rôle de tiers dans la transaction. Cela rend très hypothétique la conclusion rapide de l'opération. Ceci étant dit, il serait de l'intérêt de LVMH de boucler au plus vite la cession de sa participation. Le groupe de luxe ferait d'abord une bonne plus-value par rapport au prix d'achat des titres. Il dégagerait ensuite de nouvelle capacités de financement, permettant une baisse de son gearing aux alentours de 45 %. Ajoutées aux ressources tirées de la cession de la participation du groupe dans Diageo, cette opération permettrait en outre à Bernard Arnault de pratiquer de nouvelles opérations de croissance externe.
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