Legrand : la prudence ne paie pas

Legrand peut-il retrouver un statut de valeur de croissance ? Rien n'est moins sûr à la vue des résultats réalisés en 1999. Le fabricant de petit matériel électrique a annoncé une hausse modérée de 5,3% de son bénéfice net 1999 à 204 millions euros (1,33 milliard de francs), contre 193 millions d'euros (1,2 milliard de francs) en 1998. Le chiffre d'affaires de l'entreprise limousine a progressé de 4,8% l'an passé, par rapport à l'exercice précédent, à périmètre constant, à 2,3 milliards d'euros. Il ne s'agit pas d'une déception à proprement parler, mais mardi, un analyste déclarait à l'agence Reuters que Legrand avait habitué le marché " à des taux de croissance à deux chiffres. " Ce qui lui valait une prime d'environ 40% sur ses concurrents, en raison aussi de la récurrence de ses revenus. La marge nette dégagée par le groupe en 1999 atteint 8,9%, tandis que la marge opérationnelle s'élève à 16%. Un chiffre toujours élevé pour une société présente dans un secteur industriel, mais qui stagne. Plus de quoi valoriser le groupe avec une prime sur ses concurrents, même si ses dirigeants annoncent dans le communiqué qu'ils tablent sur " une accélération de la progression (des) résultats " en 2000.A la Bourse de Paris, l'action Legrand a d'ailleurs sous-performé le CAC 40 en 1999. Elle n'a grimpé que de 4,6% alors que l'indice des 40 valeurs vedettes parisiennes a progressé de 51% au cours de la même période. Et la reprise du titre en début d'année a tourné court en raison de rumeurs concernant une possible sortie du CAC 40. Il est vrai que Legrand, fort d'une capitalisation boursière de 4,5 milliards d'euros, pèse moins de 0,5% de l'indice et se fait ainsi dépasser par des groupes comme Altran, Sagem ou Dassault Systèmes, qui ont bénéficié à plein de l'effet " nouvelle économie " qui a emmené le CAC 40 largement au-dessus des 6.000 points. Les ventes issues de gestions indicielles ont donc pesé sur le cours de l'action Legrand depuis trois semaines. Résultat, le groupe ne se paie plus que 25 fois ses résultats anticipés pour cette année, soit un ratio inférieur à la moyenne du CAC 40 qui s'établit à 27. Pourtant, le constructeur de petit matériel électrique devrait avoir le sourire : la croissance est forte dans la zone euro, où Legrand réalise la grande majorité de son chiffre d'affaires, et, si le gouvernement français a décidé l'automne dernier, d'abaisser la TVA sur les travaux d'entretien des logements. Autre point positif, son endettement atteint à peine 20% des fonds propres, ce qui devrait faciliter des acquisitions dans un secteur où la concentration se précise. Mais les opérations n'arrivent pas. Les analystes se déclarent " déçus " par le " manque d'agressivité ans la politique de croissance externe. " " On voudrait juste un message un peu plus dynamique que d'habitude ", résumait ainsi une analyste. Il est vrai qu'en cette époque marquée par Internet et une vague sans précédent de fusions-acquisitions, la gestion prudente de Legrand paraît aux antipodes de ce dont raffolent les marchés. Ce qu'ils s'empressent de sanctionner, malgré les bons fondamentaux de l'entreprise limousine.
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