Le Club Med estime avoir accompli son redressement financier

Club Méditerranée a réalisé un bénéfice net de 38,6 millions d'euros (253 millions de francs) au cours de son exercice 1999 clos fin octobre, en hausse de 48% par rapport à 1998. Le groupe va proposer un dividende à ses actionnaires, qui n'avaient pas été rémunérés au cours des trois années précédentes. Le président du directoire, Philippe Bourguignon, a souligné dans un communiqué que Club Méditerranée "sera actif dans le mouvement de consolidation, qui ne manquera pas de se poursuivre en Europe" dans le secteur du tourisme. Il entend aussi afficher une "expansion accélérée du portefeuille d'activités nouvelles", comme Club Med World, un nouveau concept de centres de loisirs urbains dont le prototype ouvrira à Paris au printemps. "Dans les trois ans, nous souhaitons doubler la taille de la société qui deviendra une société de services présente dans tous les domaines du loisir et du divertissement", a-t-il ajouté. Le groupe a par ailleurs indiqué que des négociations étaient aujourd'hui dans une phase avancée pour céder durant l'exercice 2000 l'équivalent de 100 millions d'euros (655 millions de francs) de murs de villages dont il conservera l'exploitation. Cette cession de murs, ainsi que la conversion d'obligations, lui donnera "les moyens de financer sa croissance", souligne le Club Méditerranée qui estime avoir "accompli" son redressement financier. Le groupe a surtout annoncé la création d'une filiale baptisée Club Med on-line, entièrement consacrée au développement du commerce électronique dans le domaine des loisirs et des vacances. Cette société doit "développer ses propres services marchands" et "multiplier les partenariats avec d'autres sites marchands en France et dans le monde", précise le communiqué. Un portail sous la marque Club Med sera créé au printemps, doté de sites thématiques (familles, jeunes, sportifs, etc.). Il permettra aussi la vente en ligne de produits et de services liés aux loisirs. Les clients pourront avoir accès en temps réel au système de réservation du Club Méditerranée et effectuer des paiements. Présent sur internet depuis 1996 aux Etats-Unis, le groupe réalise aujourd'hui 3% de ses ventes grâce à son site. Philippe Bourguignon, avait annoncé la semaine dernière son entrée au conseil d'administration du site américain de vente d'objets aux enchères entre particuliers, eBay, numéro un mondial sur son secteur. Cette nouvelle avait contribué à l'envolée du titre en bourse jeudi dernier. Le chiffre d'affaires consolidé du groupe a atteint 1,477 milliard d'euros (9,690 milliards de Ffrancs) en 1999, en hausse de 15,6% par rapport à 1998. Toutefois, la forte croissance du marché des loisirs et du voyage et l'amélioration des fondamentaux du Club Méditerranée ne peuvent expliquer à elles seules le parcours boursiers du premier voyagiste de France. L'action Club Med a progressé de 77% sur les douze derniers mois, le titre enregistrant une récente poussée de fièvre et gagnant 15%, la semaine dernière. Les rumeurs de prise de contrôle par l'Allemand Preussag ont été relancées récemment et, bien que démenties par le groupe, elles ont continué à avoir un effet sur le cours de Bourse. Le géant d'outre-Rhin ne cache pas ses ambitions européennes. Son patron avait déclaré en décembre dernier chercher des participations minoritaires ou des accords de distribution, notamment en France. " Il est clair que nous pouvons aider le Club Méditerranée à gagner de nouveaux clients en Allemagne, en distribuant ses produits via nos réseaux ", avait estimé Michael Frentzen dans un entretien au Figaro, définissant le Club Med comme étant un " groupe intéressant pour lequel nous avons beaucoup de respect ". Plus loin, le dirigeant ajoutait qu'il se montrerait " satisfait de conclure un partenariat avec le Club Méditerranée, dont la marque est mondialement connue. " De là à voir un mariage en 2000, il n'y avait qu'un pas, que la Bourse a allègrement franchi. Autre possibilité, écartée par le porte-parole du Club Méditerranée mais à laquelle les analystes donnent un certain crédit, une alliance avec le voyagiste italien Alpitours, détenu par la famille Agnelli, également premier actionnaire du groupe Français, à hauteur de 21,8%. Cette possibilité aurait l'avantage de rapprocher deux leaders sur leur marché domestique, mais semble difficile aux vues de la fiscalité transalpine. Mais c'est surtout l'incursion du voyagiste dans la distribution de ses produits via l'Internet qui motive le regain d'intérêt des boursiers. Pour Frazer Harmann, analyste chez la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, interrogée par l'agence Reuters, " hors de France, au Royaume-Uni par exemple, le Club Med ne possède que peu d'agences de voyages. Le recours à l'Internet, étant donné sa forte notoriété, pourrait être un moyen de régler ses problèmes de distribution " à moindre coût. Et le marché de s'enthousiasmer pour une telle perpective. Pour Gilles Raffort, qui suit la valeur pour ING Ferri, " aujourd'hui, le multiple de valorisation en Bourse d'une portail de commerce électronique est d'un minimum de 20 fois le chiffre d'affaires annuel. Si le Club Med arrivait à réaliser autant de ventes par l'internet que Nouvelles frontières, la valorisation de la seule partie commerce électronique du groupe dépasserait 22 euros "
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