Sanofi - Synthélabo : une valorisation justifiée au regard de la croissance des bénéfices

Baptême du feu réussi pour Sanofi-Synthélabo. Le laboratoire pharmaceutique français, qui présentait ce mardi ses comptes annuels pour la première fois de sa courte existence, a annoncé que son résultat net s'élevait à 625 millions d'euros sur l'année dernière, soit une hausse de 21% par rapport à 1998. Un chiffre attendu par les analystes. L'action cotée à Paris réagissait donc peu et gagnait seulement 0,24% à 41,5 euros peu après l'ouverture. Le groupe est en phase ascendante car, sans que les synergies du rapprochement soient encore pleinement dégagées, Sanofi-Synthélabo a sensiblement amélioré sa marge opérationnelle qui atteint désormais 18% contre 14% auparavant. Le bénéfice d'exploitation se situe à 971 millions d'euros sur 1999. Concernant l'activité, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 5,35 milliards d'euros en 1999, en progression de 8,1% par rapport à l'année précédente à données comparables. Une performance réussie grâce aux médicaments phares du groupe qui sont montés en puissance l'an passé. Les trois produits à fort potentiel commercial du groupe - Plavix (arthéthrombose), Stilnox (insomnie) et Approvel (hypertension) ont été à nouveau les locomotives. Ce qui devrait permettre à Sanofi-Synthelabo d'afficher une croissance soutenue et continue de ses bénéfices, à en croire les analystes. La banque d'affaires Merrill Lynch table sur une progression de près de 20% des bénéfices nets par action au cours des cinq prochaines années, soit mieux que le marché. Résultat, le laboratoire pharmaceutique se paie environ 38 fois ses résultats estimés pour 2000, un niveau supérieur à celui du marché. Selon Goldman Sachs, à la fin janvier, les valeurs pharmaceutiques américaines et européennes se payaient en moyenne 23 fois leurs résultats estimés pour l'année en cours. Pourtant, les temps sont difficiles pour la pharmacie. Medicare, montée en puissance des produits génériques en Europe, les interrogations sont nombreuses. L'action Sanofi-Synthélabo a ainsi connu un accès de faiblesse entre novembre 1999 et janvier 2000, comme d'ailleurs quasiment tout le secteur. Cette baisse a eu lieu dans le sillage des craintes liées au Medicare, système d'aide sociale américain, qui resurgissent en période d'élection aux Etats-Unis. Les analystes craignent que le gouvernement ne rogne sur les marges des laboratoires pour financer l'aide sociale. Des craintes qui n'ont pas lieu d'être en ce qui concerne Sanofi-Synthélabo puisque le groupe ne réalise que 11,5% de ses ventes outre-Atlantique. L'action s'est d'ailleurs bien reprise dès l'annonce du chiffre d'affaires annuel à la fin du mois de janvier. Ce lundi, elle a clôturé à 41,40 euros, soit sensiblement le même cours qu'à ses débuts boursiers le 25 mai 1999.Reste que Sanofi-Synthelabo ne fait plus partie de la tête du classement des plus gros groupes pharmaceutiques depuis les mégafusions qui ont agité le secteur dernièrement. L'Allemand Hoechst et le français Rhône-Poulenc se sont alliés pour créer Aventis, les américains Pfizer et Warner Lambert se sont mariés et les britanniques GlaxoWellcom et SmithKline Beecham ont décidé de convoler ensemble pour créer le premier groupe pharmaceutique. Ce mouvement de fusions-acquisitions trouve ses fondements dans les dépenses de recherche et développement qui atteignent désormais des niveaux très élevés. Développer seul une molécule commercialisable à l'échelle mondiale devient de plus en plus coûteux pour les laboratoires seuls. Dans ce contexte, le capital de Sanofi-Synthélabo n'est pas si verrouillé qu'il y paraît au premier abord. Certes, les deux actionnaires principaux, Elf et l'Oréal - qui détiennent respectivement 35,3% et 19,5% du capital -, sont tenus par un pacte d'actionnaires, mais celui-ci ne concerne la participation d'Elf, racheté cet été par TotalFina, qu'à hauteur de 19,5%. Et Thierry Desmarest, PDG de TotalFina, ne fait pas mystère de son intention de céder rapidement 15% de cette participation, évaluée à 4 milliards d'euros. Pas de quoi bouleverser la capital du groupe, mais de quoi relancer son aspect spéculatif.
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