À l'heure ou beaucoup de distributeurs " mortar " s'interrogent sur les risques de cannibalisation impliqués par leur passage au Web, le Britannique Kingfisher ne doute pas. Le groupe de distribution aux 19 enseignes européennes (Castorama, B & Q, But, Darty, Woolworths, etc.) considère au contraire que le Net constituera un vecteur idéal d'extension de sa surface de contact avec les consommateurs. " Notre stratégie de développement Web n'a qu'un but : augmenter la part de marché totale de notre groupe. Notre objectif ne sera pas de faire passer nos clients traditionnels au Web, mais de conquérir de nouveaux consommateurs grâce à ce nouveau canal ", souligne Ian Cheshire, fraîchement nommé CEO d'e-Kingfisher, la division chapeautant les nombreux projets Web de Kingfisher (Castorama.fr, DIY.com, Screwfix.com, Darty.com, Comet.co.uk, etc.). S'appuyant sur un réseau de 2 800 magasins physiques répartis dans 15 pays du globe, e-Kingfisher devrait rapidement tirer profit de l'alliance du click et du mortar. " Là ou les 'pure players' partent de zéro, Kingfisher pourra s'appuyer sur la renommée de ses marques pour faire baisser ses coûts d'acquisition de près d'un tiers, indique Ian Cheshire. Chacune de nos activités Internet bénéficiera des efforts publicitaires du groupe, qui mobiliseront cette année une somme de 100 millions de livres. Les adresses URL de nos sites Web figureront ainsi en bonne place sur nos nombreux supports de visibilité. "Le CEO se félicite également des opportunités d'affaires que devrait générer sa filiale. Un site professionnel comme Screwfix a déjà aidé Kingfisher à s'installer sur le marché professionnel, alors que le Web permettra aux enseignes du groupe de toucher des zones géographiques encore inexploitées. " Malgré son réseau de 174 magasins en France, Darty ne couvre pas 100 % de la population hexagonale. Le Web permettra de toucher les consommateurs physiquement éloignés de la marque ", explique Ian Cheshire, qui compte bien utiliser le Web pour offrir nouveaux services (conseils, etc.) et nouvelles fonctions de personnalisation afin de créer des liens étroits avec la clientèle. e-Kingfisher, qui pourra également s'appuyer sur les structures logistiques mises en place par sa maison-mère, précise donc ses vues sur le Web et émet déjà quelques hypothèses de CA. Castorama.fr, qui devrait devenir marchand au début 2001, pourrait ainsi générer 150 millions de livres de revenus à l'horizon 2005. De leurs côtés, Screwfix.com et DIY.com devraient être tous deux à l'origine de 250 millions de livres de chiffre d'affaires à l'issue de l'exercice 2004-2005. En ce qui concerne Darty.com, c'est un CA potentiel de 130 millions de dollars qui est attendu pour 2004-2005, alors que le site Woolworths.co.uk (cadeaux et loisirs) devrait générer des revenus oscillant entre 250 et 300 millions de livres à la même période. " e-Kingfisher se lancera également dans un politique de prises de participation dans des start-ups. Celles-ci pourront dès lors être intégrées aux marques du groupe, ou se développer de manière indépendante pour se porter jusqu'à l'IPO ", déclare Ian Cheshire. Kingfisher, qui devrait annoncer le bouclage de l'opération de financement en France dans les six prochains mois, contrôle déjà 13 % de ThinkNatural.com (site de santé) et 12 % du Britannique Improveline.com (service de relation avec les professionnels du bâtiment), dans lesquels il a respectivement investi 4,5 et 3 millions de livres. Il reste à savoir si ces deux projets connaîtront la même réussite que LibertySurf. Détenant 35 % du fournisseur d'accès gratuit hexagonal via la société Eijsvogel, Kingfisher valorise aujourd'hui cette participation à environ 700 millions de livres. Un chiffre plus qu'appréciable pour un groupe qui revendique aujourd'hui un chiffre d'affaires annuel de 11 milliards de livres.

latribune.fr

20 Oct 2008, 11:02

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