EMI et Time Warner suspendent leur projet de fusion

Le groupe britannique d'édition musicale EMI et l'Américain Time Warner ont retiré leur demande d'approbation en vue de leur fusion auprès de la Commission de Bruxelles et mis fin à leur accord actuel. Ils ont toutefois décidé de poursuivre leurs discussions, entre eux et avec la Commission et autres autorités, afin de proposer un projet qui soit acceptable par tous, ont-ils indiqué dans un communiqué. "Le retrait de notre demande d'approbation nous laisse plus de temps pour réévaluer les inquiétudes des autorités et chercher des solutions simultanément en Europe et aux Etats-Unis", a expliqué Eric Nicoli, le président d'EMI. Cette décision intervient quelques heures à peine avant la décision très attendue des autorités européennes sur le projet. Plusieurs sources ont indiqué au cours des derniers jours que Bruxelles envisageait d'opposer son veto au projet. Après le retrait du projet, la Commission européenne a logiquement décidé ne ne prendre aucune décision sur le dossier Time Warner/EMI. Mais "il est clair que si les parties souhaitent soumettre un nouvel accord modifié, la Commission l'examinera", explique-t-on à Bruxelles. La Commission aurait dû se prononcer sur le dossier EMI/Time Warner avant le 18 octobre. Ces dernières semaines, EMI avait indiqué avoir formellement présenté des "solutions" à la Commission européenne pour faciliter sa fusion avec Time Warner, sans préciser lesquelles. Ces concessions auraient notamment porté sur la cession de certains labels musicaux européens. Par la suite, les discussions avec la Commission se sont poursuivies et les compagnies ont alors présenté des "propositions informelles" sur lesquelles elle n'a pas souhaité donner de détails, indiquant simplement qu'elles avaient "substantiellement amélioré" les premiers engagements. "Mais la Commission conservait des doutes et compte tenu du stade tardif de la procédure, ne pouvait pas évaluer correctement les engagements", selon un communiqué de l'éxécutif européen. Dans des cas de fusion, "il est dangereux de faire des concessions après la date butoir", a commenté Amelia Torres, porte-parole de Mario Monti, commissaire européen à la concurrence. Annoncé fin janvier, le projet de fusion entre EMI et Warner Music devait donner naissance au premier acteur mondial du secteur. Les deux groupes souhaitent former une société à 50/50 nommée Warner EMI Music, qui réaliserait un chiffre d'affaires combiné de huit milliards de dollars et un bénéfice avant impôts, éléments exceptionnels et amortissements (EBITDA) de plus d'un milliard de dollars.Mais Bruxelles craignait que le projet - combiné avec le mariage entre AOL et Time Warner - confère au nouvel ensemble un pouvoir exorbitant sur les sociétés de collectes des droits d'auteur d'une part, et sur le marché de la distribution de musique en ligne d'autre part. Les autorités européennes de la concurrence avaient ouvert en juin des enquêtes approfondies de quatre mois à la fois sur le projet de fusion Time Warner/EMI et sur celui entre le géant américain d'Internet AOL et Time Warner. Sur cette dernière opération, la décision de la Commission est attendue pour le 24 octobre au plus tard. A la Bourse de Londres, l'action EMI accuse le coup du report du projet de fusion : le titre a abandonné 5,63% jeudi à 528,7 pence. A New York, Time Warner gagnait en revanche 4,67% à la mi-séance, à 90,02 dollars, profitant de la perspective de l'accord de Bruxelles à sa fusion avec AOL.
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