"Je ne crois pas à l'entreprise sans usine"

latribune.fr : Comment interprétez-vous l'annonce faite par Alcatel de se défaire de l'essentiel de ses usines ?Elie Cohen - C'est une réaction violente de Serge Tchuruk à une situation de difficulté majeure économique et stratégique. Mais la question de l'externalisation est au coeur des reflexions et des débats industriels depuis de nombreuses années. La question que se posent les entreprises est de savoir si elles sont les plus compétentes pour réaliser par elles mêmes l'ensemble des activités de la chaîne de valeur d'un produit ou si elles nedoivent pas externaliser toute au partie des fonctions de l'entreprise. Par exemple, aux Etats-Unis, l'externalisation s'est développée dans toute la chaîne électronique et a permis l'émergence de sociétés comme Solectron. Pour les entreprises, le recours à la sous-traitance permet de redéployer les effectifs sur le coeur de métier et de compétence du groupe, d'abaisser les coûts et d'économiser le capital afin de le réinvestir dans des activités comme la recherche ou le marketing.Cette stratégie est-elle toujours rentable ?Ces dernières années, cela a effectivement permis un fonctionnement vertueux dans la Silicon Valley mais on peut se poser la question de la pertinence de ce concept en situation de ralentissement radical de l'économie. Dans ce cas, les sous-traitants ne sont pas une solution. De plus, on peut se demander si une entreprise comme Alcatel, Apple ou Intel peut se passer de toute compétence manufacturière.Vous ne croyez donc pas au concept défendu par Serge Tchuruk d' "entreprise sans usine" ?Non, car si on veut être capable de transférer une production à un sous-traitant, il faut avoir une connaissance des process de fabrication, maîtriser l'interface technologique et logicielle. En fait, on peut voir dans cette décision d'externaliser la production une stratégie de gestion sociale pour Alcatel. Le groupe n'aurait peut-être pas agi de cette façon s'il avait la liberté de licencier en Europe. On voit bien ce qui s'est passé avec Nortel qui a supprimé un tiers de ses effectifs.
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