« Conjoncture difficile pour les compagnies aériennes »

La Tribune - Comment expliquez vous les mauvaises performances boursières des transporteurs aériens depuis le début de l'année ?Philippe Gossard - J'y vois trois explications. D'abord, le prix du carburant, qui constitue le premier poste de dépense externe des compagnies, reste élevé. Son impact sur les bénéfices est d'autant plus fort aujourd'hui que les compagnies ont épuisé les couvertures contractées lorsque le prix du brut était inférieur à 20 dollars le baril. Ensuite, le ralentissement économique commence à pénaliser l'activité, même si les conséquences se limitent pour l'instant au transport passager avec les Etats-Unis et à certains secteurs du fret. Dernier élément, le contexte social s'est tendu au sein des compagnies aériennes à cause d'une pénurie de pilotes qualifiés. United Airlines, Delta Airlines et Lufthansa ont successivement été touchées par des mouvements de grève.Quelles sont les compagnies les mieux armées pour affronter cet environnement ?Air France présente certainement l'une des meilleures lisibilités. D'abord, la société bénéficie, avec l'aéroport de Roissy, du meilleur nœud de correspondance en Europe. Ensuite, elle a réussi, en s'associant à Delta Airlines au sein de Skyteam, à développer une alliance cohérente sur le plan géographique et efficace en termes d'intégration des services. Enfin, Air France jouit d'une concurrence relativement limitée sur son marché domestique, même si le TGV gagne des parts de marché sur certaines lignes. Lufthansa présente également de nombreux atouts : un bon « track record » en termes de profitabilité et un partenariat avec United au sein de Star Alliance. British Airways, par contre, est pénalisée par le tassement du trafic transatlantique et la dégradation de ses marges sur un marché domestique très concurrentiel.Que pensez vous des spéculations sur un rapprochement d'Air France et d'Alitalia ?Commercialement, une entrée d'Alitalia dans Skyteam aurait du sens en ouvrant à l'alliance des débouchés vers l'Europe du Sud et l'Afrique. Par contre, un rapprochement capitalistique d'Air France et d'Alitalia ne pourra intervenir qu'à très long terme et il restera conditionné par le succès de leur coopération commerciale.Propos recueillis par Jean-Noël Roffiaen
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