« La visibilité reste très dégradée pour les assureurs »

La Tribune. - Comment expliquer le récent plongeon du secteur de l'assurance en Bourse ?Driss Lamrani - Les assureurs ont connu une journée noire, jeudi, après la publication des résultats très décevants du suisse Zurich Financial, le numéro six européen du secteur. L'indice Stoxx assurance a plongé de plus de 6% en une seule séance, portant à près d'un quart son recul depuis le début de l'année. Il faut dire que la confiance des investisseurs avait déjà été mise à rude épreuve lors de l'annonce, par le suédois Skandia, de ventes divisées par deux aux Etats-Unis pour le mois de janvier 2001. Plus globalement, le secteur de l'assurance est fragilisé par le double mouvement de baisse des taux d'intérêt et de chute des marchés actions. Avec des rendements à long terme revenus sous les 5%, les assureurs ont vu leurs marges se contracter. A cela s'est ajoutée la correction boursière, qui a déclenché des arbitrages défavorables aux produits financiers proposés par les assureurs. Ces derniers ont aujourd'hui de plus en plus de mal à conquérir et à fidéliser leurs clients.Ces conditions difficiles favorisent-elles une nouvelle concentration du secteur en Europe ?La consolidation a déjà eu lieu au cours de la deuxième moitié des années 1990. Aujourd'hui, le marché européen de l'assurance est beaucoup moins fragmenté que celui de la banque par exemple. Nous n'attendons donc pas de nouvelle méga-fusion dans les mois qui viennent. Par contre, je ne serais pas surpris de voir certaines « majors » européennes renforcer leur présence aux Etats-Unis, notamment dans le secteur de la gestion d'actif.Quels sont aujourd'hui les qualités sur lesquelles vous jugez les assureurs européens ?Face au manque de visibilité sur les perspectives, nous privilégions plus des critères de coûts que de revenus. Nous recherchons avant tout les groupes capables de contenir les coûts d'acquisition de leurs clients. La taille est un autre critère important, car elle conditionne la capacité à dégager des synergies. La diversification par produits et par zones géographiques, enfin, est une garantie contre les mauvaises surprises. Sur la base de ces éléments, Axa nous semble décoté, Generali proche de son prix d'équilibre et Allianz trop cher.Propos recueillis par Jean-Noël Roffiae
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