L'euro sous pression, en deçà de 0,90 dollar

L'euro fait les frais de l'attentisme de la Banque centrale européenne (BCE). La dégringolade de la monnaie unique, amorcée jeudi sur le marché des changes, s'est poursuivie vendredi. Bloqué sous le seuil de 0,90 dollar, l'euro ne parvient pas à relever la tête. Vendredi en début de soirée, la devise européenne est jusqu'à un plancher de trois mois à 0,8912 dollar. Depuis le début de la semaine, l'euro a perdu près de 4% de sa valeur contre le billet vert.Les marchés semblent désabusés quant à l'attitude de la BCE, qui est l'une des dernières banques centrales mondiales à ne s'être pas engagé dans une politique de baisse des taux d'intérêt. Concentrés sur un objectif d'inflation fixé à 2%, les gardiens de l'euro ne veulent pas desserrer la politique monétaire tant que les risques pesant sur les prix ne seront pas écartés. Les chiffres publiés vendredi viennent à l'appui de cette position puisque l'inflation a progressé de 0,6% en février dans la zone euro par rapport à janvier. En glissement annuel, cela porte la hausse des prix à 2,6%. Cependant, l'assouplissement monétaire est considéré par certains analystes comme la condition sine qua non de la reprise de la première économie de la zone euro, l'Allemagne, qui marque des signes d'essoufflement de plus en plus nets. Alors qu'elle ne profite plus du dynamisme de ses exportations, en raison du ralentissement connu par ses principaux partenaires commerciaux, l'économie allemande semble avoir besoin d'un coup de fouet monétaire pour éviter de retomber dans le marasme. Est-ce toutefois suffisant pour expliquer l'accès de faiblesse de l'euro ? Les facteurs de soutien ne manquent pas pour la monnaie unique, à commencer par l'extrême fébrilité des marchés boursiers américains. A cela s'ajoute la réduction du différentiel de taux d'intérêt à long terme entre l'Europe et les Etats-Unis. De plus de 100 points de base en juillet dernier, celui-ci est aujourd'hui retombé à moins de 20 points de base. Les conditions d'emprunts sont donc sensiblement les mêmes des deux côtés de l'Atlantique, ce qui devrait entraîner une réorientation des flux de capitaux en faveur de l'Europe et au détriment des Etats-Unis. Mais c'est sans compter sur le statut de monnaie refuge que conserve le dollar, et qui incite pour l'instant les investisseurs à maintenir leurs capitaux dans la première économie du monde. Pour Christophe Lauvergeon, analyste à la Compagnie Financière Edmond de Rothschild, "les investisseurs américains retirent actuellement une partie de leurs capitaux investis dans la zone euro. Ils sont d'ailleurs suivis par les Japonais qui abandonnent l'Europe pour les Etats-Unis et ce malgré le marasme économique américain". Les discours martelés par les dirigeants européens sur le faible impact pour l'Europe du ralentissement américain ne convainquent pas. "Les opérateurs pensent qu'en cas de forte dégradation aux Etats-Unis, alors l'Europe sera aussi ébranlée. Ils ont plus confiance dans les capacités de la Réserve fédérale (Fed) à redresser la barre que dans celles de la BCE", poursuit Christophe Lauvergeon. Une fois de plus, la Banque centrale européenne est donc pointée du doigt. Et pour Christophe Lauvergeon, la glissade de l'euro pourrait bien se poursuivre et renvoyer la monnaie européenne sur ses plus bas d'octobre dernier. "Le rebond de l'euro vers la parité, estime t-il, ne pourra se faire qu'avec l'apparition des billets et des pièces en euro dans les poches".latribune.f
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