Le secteur financier pris dans la spirale des marchés

On a beaucoup parlé de l'éclatement de la bulle technologique et de la dégringolade en Bourse des valeurs TMT. Si leur repli est toujours d'actualité, force est également de constater que la déprime des marchés touche d'autres secteurs, en particulier les valeurs de la banque et de l'assurance. Cela se vérifie une nouvelle fois ce lundi. Au moment où les places européennes cèdent de 3,5 à 6%, l'indice sectoriel Stoxx de la banque lâche 5,9% et celui de l'assurance 6,5%.La France n'échappe pas à la règle et ses valeurs financières emblématiques font grise mine, notamment dans le secteur bancaire: en clôture, BNP Paribas chute de plus de 10% tout comme la Société Générale. Après avoir, à l'inverse du CAC 40, progressé significativement jusqu'à début juin (les investisseurs mettaient en avant la qualité et l'aspect défensif de la banque de détail), les valeurs bancaires françaises ont par la suite décroché. Bref, au moment où le CAC 40 recule de 40% sur l'année, elles cèdent quant à elles de 32 à 44%. En dépit de leurs qualités intrinsèques, elles ne pouvaient en effet rester indéfiniment insensibles au repli général des marchés et à la morosité économique ambiante: à titre d'exemple, les résultats du deuxième trimestre de BNP Paribas, publiés en août, ont mis en évidence une baisse des revenus dans les pôles "banque privée gestion d'actifs" et "banque de financement et d'investissement" (voir ci-contre). A cela peuvent s'ajouter une actualité ou des craintes propres à l'entreprises. Ainsi, Dexia enregistre avec 44% la plus lourde chute annuelle, car le marché s'est inquiété de la dérive de ses coûts d'exploitation. Seul le Crédit Lyonnais, toujours soutenu par la spéculation, et le Crédit Agricole font exception à la tendance avec des baisses annuelles limitées à 11,7 et 12,5%.L'assurance plus touchée que la banqueMais à côté de l'assurance, le repli des banques n'est rien. Le secteur de l'assurance est en effet bien plus gravement touché. Chaque jour de repli des marchés est pour lui synonyme d'effondrement. Lundi encore, l'indice Stoxx des valeurs de l'assurance enregistre une chute plus lourde que le marché. A Paris notamment, Axa plonge de 9,65% à 9,93 euros, quand le CAC baisse de 5,8%.Si les assureurs subissent aussi brutalement le décrochage, c'est en grande partie parce qu'ils avaient basé leur activité sur la hausse des marchés. "Il est vrai que les assureurs, qui traditionnellement plaçaient leurs primes sur des produits à taux fixes et faiblement rémunérateurs, se sont de plus en plus tournés vers les actions pour répondre aux exigences de rendement du marché", notait récemment Eric Van Poucke chez Global Equities (voir ci-contre). Dès lors les opérateurs accusent directement les assureurs d'être responsables de leurs propres malheurs. "En période de hausse des marchés, ils n'ont cessé de communiquer sur les produits de leur portefeuille, tandis que l'opérationnel restait mal géré", considère Stéphane Guillaume, senior portefeuille manager au Crédit Lyonnais.Le spectre des augmentations de capitalLe mécanisme s'avère donc simple à comprendre: la chute des actifs a fait fondre les plus-values potentielles et a contraint les assureurs à constater des dépréciations, avec de lourdes conséquences pour les résultats. D'autant que depuis plusieurs mois, le secteur a dû faire face à de nombreux sinistres avec la tempête de 1999, les attentats de l'an passé ou encore les inondations récentes. Et le proche avenir ne promet pas de franche amélioration au vu du comportement des marchés qui devrait encore peser sur les résultats du second semestre.Pour qu'ils puissent poursuivre leur exploitation et reconstituer leurs fonds propres, la seule solution pour les assureurs semble donc être l'augmentation de capital. Axa a maintes fois démenti avoir de telles intentions, mais le marché craint toujours qu'il ne soit obligé de suivre l'exemple de Zurich Financial Services, Swiss Life ou encore Legal & General. Or, les appels au marché ne sont jamais vus d'un bon oeil dans un marché peu porteur où ils font office de solution d'urgence. Car, pour séduire les investisseurs, les candidats se doivent de proposer des conditions très attractives qui obligatoirement pèsent sur les cours du fait de la dilution et des arbitrages attendus. D'ailleurs, le réassureur Scor apporte ce lundi une nouvelle fois la preuve de la réaction des marchés face à un tel projet. Après avoir été réservée à la baisse suite à l'annonce d'une augmentation de capital de 400 millions d'euros (voir ci-contre), l'action perd plus de 30% en clôture.
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