Jean-Claude Trichet en correctionnelle

On croyait l'affaire Trichet enterrée après la réquisition du parquet du 31 mai dernier demandant un non-lieu: on se trompait lourdement. Révélée ce matin par nos confrères du Parisien, et confirmée à l'AFP par une source judiciaire, la décision du juge Philippe Courroye de renvoyer le gouverneur de la Banque de France en correctionnelle risque de faire des remous de Paris à Francfort.Jean-Claude Trichet est poursuivi dans l'affaire du Crédit Lyonnais. Alors qu'il était directeur du Trésor, en 1992, il est soupçonné d'avoir participé à l'habillage des résultats du Lyonnais et à la dissimulation des pertes colossales de la banque nationalisée. Le gouverneur de la Banque de France est mis en examen dans cette affaire avec l'ancien PDG du Lyonnais Jean-Louis Haberer et l'ancien gouverneur de la Banque de France Jacques de Larosière. Selon Le Parisien, le juge Courroye considérerait que tous les protagonistes de cette affaire doivent s'expliquer devant le tribunal. Le juge aurait également, toujours selon notre confrère, eu accès à des documents montrant l'implication de l'ex-directeur du Trésor dans l'affaire du Lyonnais. Cette décision met le gouvernement français dans l'embarras. Jean-Claude Trichet devait en effet succéder à Wim Duisenberg à la tête de la BCE en juillet 2003, au terme d'un accord passé entre la France et ses partenaires européens. Une succession qui deviendrait évidemment impossible si Jean-Claude Trichet est toujours mis en examen, ou pire encore, condamné. Aujourd'hui, c'est donc à un choix cornélien que doit faire face Dominique Perben, le garde des Sceaux. Si le parquet décide de faire appel de la décision du juge, l'Etat montrera ouvertement sa volonté de "sauver" le gouverneur de la Banque de France et prendra le risque de reporter un éventuel procès au-delà de juillet 2003. Si, à l'inverse, le parquet entérine la décision du juge, la France pourrait ne pas disposer d'un candidat consensuel à la tête de la BCE l'été prochain. Dans l'immédiat, Reuters rapporte qu'une source gouvernementale française a confirmé que la France "ne modifiait pas sa position sur la candidature de Jean-Claude Trichet à la présidence de la BCE". Une attitude apparemment partagée par les autres pays puisque le président de l'Eurogroupe (réunion des douze ministres des Finances de la zone euro), le ministre grec Nikos CHristodoulakis, a déclaré que le renvoi en correctionnelle de Jean-Claude Trichet "ne changeait rien pour l'instant" à l'accord concernant la présidence future de la BCE.
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