L'Europe va porter plainte à l'OMC contre les Etats-Unis

La riposte à la décision du président Bush de mettre en place des barrières douanières, allant de 8 à 30%, sur les importations d'acier (lire ci-contre) s'organise. Une lettre signée par les quinze pays de l'Union européenne et par d'autres pays comme la Chine, le Japon et la Corée du Sud devait être adressée dans l'après-midi à la mission américaine à Bruxelles. Cette lettre devrait notifier la décision de ces pays de déposer une plainte devant l'OMC, ainsi que l'a confirmé le commissaire européen au commerce, Pascal Lamy.Depuis l'annonce de la décision américaine cette nuit, des protestations se sont élevées aux quatre coins de la planète. Les premières réactions sont venues, décalage horaire oblige, d'Asie. Les gouvernements chinois, sud-coréen et indonésien ont critiqué vivement les décisions américaines. A Tokyo, le ministre du Commerce japonais Takeo Hiranuma a regretté les "mesures protectionnistes" prises par les Etats-Unis. Il a également déploré que le président Bush ait refusé d'entendre la voix de ses "partenaires commerciaux et celle des utilisateurs d'acier aux Etats-Unis". M. Hiranuma a annoncé avoir d'ores et déjà des contacts étroits sur le sujet avec l'Union européenne et la Corée du Sud. Une collaboration qui, selon lui, devrait déboucher sur le dépôt d'une plainte commune auprès de l'OMC. D'autres pays, et notamment des alliés traditionnels des Etats-Unis, comme le Brésil et l'Australie, se sont joints au concert de critique. En Europe, la condamanation est unanime. A Londres, le gouvernement britannique s'élève contre des mesures "totalement injustifiées", tandis que Gerhardt Schröder, le chancelier allemand, a qualifié les mesures américaines "d'inacceptables". Les ministres espagnol et italien de l'Economie annonçaient, quantà eux, soutenir la plainte de l'UE devant l'OMC. En France, Laurent Fabius a affirmé que les Etats-Unis "s'engageaient dans une voie délicate, en contrevenant aux règles du commerce international". Il a par ailleurs dénoncé la duplicité du gouvernement américain : "on ne peut pas prêcher l'ouverture à la concurrence et vouloir recourir à ce procédé daté que sont les droits de douane", a-t-il indiqué. Le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, François Huwart, a affirmé que "l'Europe prendra les mesures nécessaires pour protéger sa sidérurgie". De son côté, Jacques Chirac a demandé une "réaction vigoureuse" de l'Union européenne. Il a, lui aussi, dénoncé une "décision grave (...) et contraire aux règles de l'OMC". Les premières sanctions semblent avoir été prises par Moscou. La Russie a décidé d'interdire les importations de poulets américains à partir du 10 mars. Les Etats-Unis y exportent des volailles pour environ 700 millions de dollars (805 millions d'euros) par an. Officiellement, cette décision n'est pas liée aux mesures américaines sur l'acier. Elle aurait été prise pour des raisons sanitaires. Néanmoins, le premier ministre russe, M. Kassianov, n'a pas exclu des mesures de représailles et a jugé la décision américaine "injuste et infondée".Du côté du monde sidérurgique, on semble accuser le coup. En Asie, les analystes estiment que la demande locale et la reprise de l'économie mondiale devraient compenser les pertes sur le marché américain. Cependant, les sidérurgistes asiatiques craignent une concurrence plus vive en Asie et, donc, une baisse des prix. En Europe, les sidérurgistes, qui ont exporté 7,3 millions de tonnes d'acier en 2001 aux Etats-Unis, craignent pour leurs profits. ThyssenKrupp a ainsi annoncé une baisse de 2 % de son chiffre d'affaires en 2002 liée aux nouvelles barrières douanières. De son côté, Arcelor a refusé de s'exprimer sur les conséquences de cette décision américaine que le nouveau groupe européen qualifie cependant "d'injuste".Assez logiquement donc, les bourses européennes et asiatiques ont sanctionné les titres sidérurgiques en attendant les développement de l'affaire auprès de l'OMC. Ainsi, Nippon Steel a perdu 4,4, % à Tokyo, tandis que le premier producteur d'acier mondial, le sud-coréen Pohang Iron, voyait son action glisser de 2,78 % à Séoul. A Paris, le titre Arcelor perdait 1,13 % à 14,85 euros en clôture, tandis que le géant allemand Thyssen Krupp perdait 1,73 % à Francfort en fin d'après-midi, à 17,05 euros. latribune.f
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