Le chômage allemand bondit au dessus des 4 millions

L'Allemagne s'attendait à franchir rapidement la barre des 4 millions de chômeurs, eh bien, c'est fait : le chômage a augmenté fortement le mois dernier, le nombre de sans-emploi bondissant, en données brutes, à 4,29 millions, en hausse de 326.400 par rapport à décembre, selon les chiffres publiés mercredi par l'Office fédéral du Travail. Toujours en données non corrigées des variations saisonnières, le taux de chômage s'est établi à 10,4% contre 9,6% le mois précédent. En données corrigées des variations saisonnières (CVS), qui sont davantage suivies par les marchés financiers, le nombre de chômeurs a progressé de 31.000 personnes en janvier, une hausse supérieure au consensus de prévision des économistes, qui tablait sur une progression de 20.000. Le taux de chômage en données CVS s'est inscrit à 9,6% en janvier après 9,5% en décembre, a précisé pour sa part la banque centrale allemande. Fin janvier, le nombre de chômeurs en données CVS s'établissait à 3,978 millions.Si les économistes et les marchés s'intéressent avant tout aux données CVS - qui corrigent les effets saisonniers du chômage, particulièrement importants en janvier, avec notamment les suppressions d'emplois dans le BTP liées au mauvais temps - le grand public et la classe politique se focalisent surtout sur les données brutes. Et de ce point de vue, les chiffres annoncés aujourd'hui risquent de peser lourd dans le débat politique allemand. Lors de son élection, en 1998, le chancelier Gerhard Schröder avait annoncé vouloir être jugé sur sa capacité à diminuer le chômage, s'engageant même à faire retomber le nombre des demandeurs d'emploi en dessous de la barre des 3,5 millions pendant la durée de son mandat. Pari perdu, alors que les prochaines élections générales auront lieu à l'automne prochain...Recevant les partenaires sociaux le mois dernier, le chancelier a commencé à préparer le terrain, affirmant que "le nombre de chômeurs (...) se situera probablement juste en dessous des quatre millions en moyenne sur l'année". Une perspective peu enthousiasmante, à laquelle Gerhard Schröder ne peut sans doute pas grand chose. La dégradation de la situation de l'emploi résulte directement des difficultés du secteur industriel allemand, qui souffre particulièrement du ralentissement de ses exportations, et des plans de licenciements adoptés par les grands groupes.Plus fondamentalement, il apparaît désormais que, en deçà de 2 % de croissance, l'économie allemande ne réussit plus à créer des emplois, en raison notamment du coût trop élevé du travail (lire ci-contre). Pour Alexandre Bourgeois, économiste chez Natexis Banques Populaires, "les perspectives de l'emploi ne devraient pas s'éclaircir avant l'été. Et ce ne sont pas les mesures décidées par le gouvernement pour favoriser le retour à l'emploi qui pourront enclencher une dynamique forte d'amélioration. En effet, malgré la remontée du moral des chefs d'entreprise depuis trois mois, celui-ci reste trop bas pour envisager d'embaucher. Il faudra attendre le redémarrage de la machine économique allemande à la fin du second trimestre, dans le sillage de son homologue américaine, pour que le processus de création d'emploi se remette en route". Il sera alors peut-être un peu tard pour le gouvernement Schröder.latribune.f
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