Tokyo veut traiter les créances douteuses des banques à l'homéopathie

Alors que de nombreux observateurs attendaient du gouvernement japonais un plan ambitieux pour éliminer les créances douteuses qui minent depuis des années le système bancaire nippon, c'est finalement un traitement très édulcoré qui va être appliqué. Et pourtant, l'objectif de ce plan est ambitieux puisque, d'ici mars 2005, le montant total des créances douteuses - estimées officiellement à environ 52.400 milliards de yens, plus de 430 milliards d'euros - devra être divisé par deux. Pour l'Agence des services financiers (FSA) à l'origine du dispositif, il s'agit de "bâtir un système financier fort pour soutenir les réformes structurelles". Des changements qui sont effectivement indispensables dans l'Archipel. Le Japon est englué dans la déflation, la production industrielle et la consommation sont très faibles et le chômage est proche de ses plus hauts historiques. Quant au commerce extérieur très dépendant des Etats-Unis, il ne peut prendre le relais. Résultat, la Banque du Japon, qui vient d'assouplir sa politique monétaire par des mesures censées faciliter l'accès des entreprises aux liquidités, ne table pour l'année fiscale 2002-2003 (clos fin mars) que sur une croissance du PIB comprise entre 0,2 et 0,5%. Dans ce contexte difficile, le Japon est contraint de nettoyer les comptes de ses banques. Mais le gouvernement semble avoir choisi de ne pas procéder aussi brutalement que le préconisait le ministre de l'Economie et des Affaires financières. Heizo Takenaka préconisait une modification du calcul des fonds propres des banques. Actuellement, les établissements y incorporent les crédits d'impôts anticipés sur cinq ans, qui peuvent représenter jusqu'à 40% des fonds propres. Le ministre voulait limiter ce ratio à 10%, rendant nécessaire une recapitalisation de beaucoup de grandes banques, voire une nationalisation des plus fragiles. Une perspective qui a déclenché une vaste levée de boucliers dans le milieu bancaire japonais. Plus "soft", le plan annoncé aujourd'hui prévoit d'introduire la méthode dite de déduction du cash flow pour évaluer la rentabilité de l'emprunteur et le risque d'apparition de créances douteuses. Mais cette méthode ne s'appliquera "qu'aux grandes entreprises sollicitant un prêt". Le gouvernement va aussi, "étudier la possibilité de défiscaliser complètement les réserves bancaires pour mauvaises créances" mais aucune échéance n'a été précisée quant aux conclusions de cette réflexion. Ce plan comporte également des mesures contre la déflation, centrées autour de baisses d'impôts pour 1.000 milliards de yens et d'aides au PME et aux chômeurs. Le gouvernement a notamment souligné la création d'"un organisme de revitalisation industrielle et d'un quartier général pour la promotion de la création d'emplois, placé sous l'autorité du Premier ministre Junichiro Koizumi pour une période limitée".
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