Européens, la BCE vous a compris

La BCE n'est pourtant pas supposée tolérer une inflation supérieure à 2%. Or, la hausse de l'indice des prix de détail de la zone euro est toujours plus élevée que ce plafond, à 2,2% en novembre, a annoncé vendredi Eurostat. Il n'empêche, les experts sont formels. Actuellement de 3,25%, le taux directeur de la banque centrale de Francfort va diminuer. La majorité des économistes s'enhardit même au point de prédire 50 points de base de réduction en une fois. Comme la Fed, le 6 novembre dernier.Wim Duisenberg est-il en train d'emprunter les pas d'Alan Greenspan ? Si une telle intention lui était prêtée, il ne manquerait sans doute pas de protester avec véhémence. La BCE a d'ailleurs mis un point d'honneur à maintenir son " refi " le mois dernier, le lendemain de la baisse, plus spectaculaire qu'attendu, du taux directeur de la Fed à 1,25%. Essentiellement pour ne pas copier Alan.Qu'est-ce qui a changé en un mois dans l'économie des pays de la zone euro ? Pas grand chose. La démonstration de vertu de la BCE était discutable début novembre. Elle serait difficilement pardonnable un mois plus tard. La croissance européenne donne de sérieux signes de faiblesse. Les plus optimistes la voient péniblement atteindre 2% l'an prochain. D'autres la voient difficilement dépasser 1%. Le maintien de la consommation et la reprise des investissements sont les deux clés du pari de la reprise. Une baisse des taux améliorera, fût-ce symboliquement, les chances de le gagner.Elle donnera aussi raison à ceux qui soulignent combien l'institution de Francfort a gagné en professionnalisme depuis ses débuts chaotiques : sa communication, sa gestion des anticipations de marché sont aujourd'hui d'une qualité équivalente à celles de la Fed, si l'on en croit une étude du Centre for Economic Policy Research citée hier par le Wall Street Journal. Le quotidien américain rappelle comment, voici tout juste un an, la BCE avait diminué ses taux trois jours après qu'un membre de son Conseil ait déclaré que "de nouvelles baisses pourraient conduire à une liquidité excessive " et créer la " prochaîne bulle spéculative ". Etre prévisible, ou à tout le moins cohérent, est l'une des conditions essentielles de la crédibilité d'un institut d'émission. Cette fois, les signaux semblent clairs. A Francfort, on se veut aujourd'hui beaucoup plus professionnel, même si les membres du Conseil ne sont soumis à aucune consigne formelle. Mais le métier rentre. La baisse des taux, si elle intervient demain comme prévu, viendra en attester.
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