Les banques japonaises croulent sous les créances douteuses

Alors que l'économie japonaise sort péniblement la tête de l'eau grâce au rebond américain, son secteur financier reste un facteur d'inquiétude pour la plupart des économistes. Ce matin, l'Agence japonaise des services financiers (FSA) a présenté son premier rapport sur les créances douteuses des banques japonaises.Sur l'exercice 2001/2002, les sept premières banques de l'archipel ont dû inscrire 14,5 milliards de dollars de provisions au titre des créances douteuses. En tout, l'ensemble des créances douteuses des banques japonaises atteindrait le chiffre de 282 milliards de dollars, dont 98,5 milliards pour les 13 plus grands établissements du pays. Pour autant, la FSA s'est voulue rassurante. "Les banques sont en bonne santé et n'ont pas besoin d'injection de fonds publics", a assuré le ministre des services financiers Hakuo Yanagisawa. Il serait donc urgent de ne rien faire.Le Premier ministre Junichiro Koizumi avait donné pour mission à la FSA de réaliser des inspections afin de rétablir la transparence sur les comptes des banques. Elle doit également favoriser les fusions entre les petits établissements régionaux.Le rapport de la FSA a laissé les milieux économiques japonais particulièrement sceptiques. Pour l'agence Standard & Poor's, par exemple, la définition des créances douteuses de la FSA est trop restrictive. "Les prêts aux entreprises proches de la faillite ne sont qu'une partie des problèmes des banques", a précisé l'agence américaine. De même, l'économiste de JP Morgan Securities Ryo Hino, interrogé par Reuters, regrette que "ces chiffres ne reflètent qu'une partie de la réalité", notamment parce que le problème des provisions sur l'industrie et les services n'est pas développé. Pour la plupart des économistes, la transparence initiée par le Premier ministre n'est pas suffisante. Seules des réformes structurelles pourraient permettre à l'économie japonaise de s'ôter cette épine dans le pied. Or, de telles réformes supposeraient une volonté politique que le Premier ministre, confronté à une popularité chancelante et à des dissensions au sein de son parti Libéral-démocrate (PLD), ne semble pas vouloir assumer. D'autant que le chômage et les faillites sont à leur plus haut niveau depuis la Seconde guerre mondiale. Ce matin, on a appris que sur l'année fiscale 2001/2002 les faillites avaient progressé de 5,9%. 20.052 dépôts de bilan ont été enregistrés, ce qui constitue un niveau record depuis 1945. 72% de ces faillites seraient dues à la récession. Il est donc difficile pour Junichiro Koizumi de faire pression sur les banques pour qu'elles annulent leurs créances douteuses, ce qui provoquerait une vague de faillite sans précédent. C'est pourquoi le gouvernement japonais entend ne rien faire pour le moment.Ce rapport de la FSA montre en tout cas la fragilité de la reprise de l'économie nipponne, confirmée ce matin par la Banque du Japon (BoJ). La BoJ indique cependant qu'il ne s'agit pas d'une reprise, mais "du ralentissement de la détérioration".latribune.f
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