Les Etats-Unis relèvent massivement leurs aides à l'agriculture

Dans le contexte déjà tendu des relations économiques entre l'Europe et les Etats-Unis, le texte signé lundi par le président George Bush sur l'agriculture risque de relancer le risque de guerre commerciale transatlantique.Adoptée par les deux chambres du Congrès la semaine dernière, cette loi prévoit un relèvement de 70% des aides consenties aux agriculteurs américains. 173,5 milliards de dollars de subventions devraient ainsi être distribués dans les dix ans à venir. Rappelant que l'agriculture était la "première industrie" des Etats-Unis, George Bush a indiqué que cette loi "fournit un filet de sécurité aux agriculteurs", si les temps "deviennent difficile". Repoussant à l'avance les critiques sur le protectionnisme et l'interventionnisme américains, le président Bush a souligné que "cette loi est basée sur les réalités du marché et non sur des directives du gouvernement" et qu'elle "n'encourage pas une surproduction ou une baisse des prix". En fait, le président et les parlementaires américains cherchent avant tout à séduire l'électorat rural à six mois des "mid-term elections" du Congrès.La présentation de la loi faite par le président Bush est loin de remporter l'adhésion des économistes. La loi prévoit des aides massives pour certains secteurs comme le coton, la laine, les pois chiches. Les cours de ces produits risquent de s'effondrer, ce qui serait catastrophique pour certains pays en développement, notamment en Afrique (lire ci-contre).Certains pays développés sont également inquiets de la signature de cette loi. Le Canada, très exposé à la concurrence américaine, a déjà protesté contre le texte et son "protectionnisme". Mais les critiques les plus féroces sont attendues de l'Europe. Les Etats-Unis critiquent régulièrement la PAC et les aides de Bruxelles aux agriculteurs européens. L'Union européenne ne manquera pas, cette fois, de relancer l'ascenseur, d'autant que les aides aux producteurs céréaliers américains menacent directement les marchés européens. Bruxelles a ainsi laissé entendre qu'elle pourrait, en compagnie du Brésil et du Canada, porter plainte contre le texte devant l'OMC. Après l'affaire du relèvement des droits de douanes sur l'acier, ce nouvel épisode confirme que la tendance actuelle du gouvernement américain est à un certain protectionnisme, au risque de se trouver en porte-à-faux avec la défense du libéralisme économique qui est le fondement de sa politique étrangère.
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