Paris et Berlin font des propositions pour assouplir le Pacte de stabilité

L'offensive est lancée. Alors que les ministres des Finances de la zone euro doivent se retrouver dans la soirée à Bruxelles pour se porter au chevet du Pacte de stabilité, les deux mauvais élèves que sont l'Allemagne et la France en matière de réduction des déficits publics tentent d'élaborer une contre-attaque commune. Lors d'une rencontre à Berlin cet après-midi, les argentiers de ces deux pays, Francis Mer et Hans Eichel, ont tout d'abord fait profil bas, réitérant leur fidélité, selon les termes du ministre allemand des Finances, à "l'esprit du pacte de stabilité". L'esprit peut-être mais plus vraiment la lettre.En effet, la France, par la voix de son ministre de l'Economie, a proposé l'introduction de plusieurs nouveaux paramètres pour "affiner" le Pacte de stabilité. Ce texte, qualifié de "rigide" et de "stupide" par le président de la Commission européenne, Romano Prodi, contraint les pays de la zone euro à la rigueur budgétaire en limitant les déficits publics à 3% du PIB. Francis Mer a suggéré que soient pris en compte, outre le niveau de déficit, d'autres critères pour juger la gestion des pays concernés. Pour le ministre français, "l'inflation, l'emploi, la qualité de la préparation du futur et la dette" devraient aussi être étudiés. Hans Eichel a pour sa part approuvé l'introduction des critères d'inflation et d'emploi dans l'instrument budgétaire de la zone euro.L'ajout de ces paramètres, outre qu'ils permettraient effectivement d'avoir un diagnostic plus complet sur la situation d'un pays, aurait également une vertu politique aux yeux de ses promoteurs. En effet, cela permettrait de limiter les critiques en provenance d'Espagne ou des Pays-bas, nations certes vertueuses en matière de lutte contre les déficits publics, mais assez peu performantes en matière de contrôle des prix. Dans ces deux pays, l'inflation annuelle est supérieure à 3,5%, largement au dessus des 2% fixés par la Banque centrale européenne. Concernant la dette publique, de nombreux experts sollicités sur ce débat ont souvent évoqué un montant de dettes qui ne devrait pas dépasser les 60% du PIB. Pour les Français comme pour les Allemands, il ne faut pas se focaliser sur les 3% de déficit public annuel, mais bien veiller à ce que l'endettement public n'explose pas. Cette vision plus souple du Pacte de stabilité serait, selon eux, un moyen de garantir des marges de manoeuvre budgétaires supplémentaires en période de ralentissement économique. Ce playdoyer pro-domo risque tout de même de susciter quelques réserves chez les partenaires du couple franco-allemand en raison de la dégradation de leurs finances publiques. Selon des sources proches de la Commission européenne citées par l'AFP, l'Allemagne pourrait enregistrer un déficit public de 3,7% de son Produit intérieur brut (PIB) en 2002, tandis que celui de la France atteindrait 2,8% en 2003. Ces chiffres sont pires que ceux admis officiellement par Berlin et Paris. L'Allemagne table en effet sur un déficit public de 3,5% cette année et de moins de 3% l'an prochain. La France, quant à elle, espère cette année comme en 2003, limiter son déficit public à 2,6%.
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