Le baril de pétrole dépasse les 27 dollars

Déjà tendus en raison de la politique de restriction de la production de l'Opep et de la perspective d'une reprise vigoureuse de l'économie aux Etats-Unis, les cours du pétrole se sont enflammés devant la poussée de violence au Proche-Orient. Hier, le baril de Brent de la Mer du Nord a terminé la séance à 25,92 dollars, au plus haut depuis le 19 septembre 2001. Ce matin, devant l'absence d'accalmie dans les territoires occupés par Israël, le prix du baril de Brent a ouvert à 26,75 dollars, en hausse de 3,2%. Et en fin de journée, le prix du baril montait en flèche à 27,12 dollars, soit une hausse de 4,63% par rapport à la veille.Cette flambée du prix du pétrole s'explique par la crainte d'une contagion à l'ensemble du Moyen-Orient du conflit israélo-palestinien. Hier encore, des manifestations anti-israéliennes de masse ont eu lieu dans les principales capitales arabes. Les observateurs craignent que cette pression des opinions publiques, notamment en Egypte et en Jordanie, ne provoque une flambée de violence au niveau régional. Plus inquiétant encore, les pays du Golfe ont rappelé, ce matin à Dubai, leur solidarité avec les Palestiniens. Les Emirats arabes unis ont ainsi menacé de considérer les Etats-Unis comme un "partenaire de l'agression israélienne". De même, le roi de Bahrein, pays qui accueille la Vème flotte américaine, considère que les intérêts américains "pourraient être menacés dans la région". Enfin, en Arabie saoudite, un journal proche du pouvoir a regretté le soutien apporté par George W. Bush à Ariel Sharon, le premier ministre israélien.Au-delà des pressions diplomatiques, les marchés redoutent également l'utilisation de "l'arme du pétrole" pour faire pression sur les Etats-Unis. Certains pays n'hésitent plus désormais à évoquer cette possibilité. C'est évidemment le cas de l'Irak qui, ce matin, s'est dit prêt à cesser "toute exportation de brut vers les Etats-Unis". Le ministre irakien du pétrole, Hunam Abdel Khalek, a indiqué que cette décision pourrait se prendre "conjointement avec l'Iran et les autres pays qui le souhaitent". Hier, le ministre iranien des Affaires étrangères avait déjà proposé un embargo sur les exportations de pétrole vers les Etats-Unis.Le scénario d'un nouveau choc pétrolier semble toutefois peu probable. La position de l'Opep sur le marché mondial n'est en effet plus aussi dominante qu'en 1973 ou en 1979. Le cartel n'entend plus, par ailleurs, utiliser le pétrole comme une arme politique. Néanmoins, le baril a encore une marge de progression importante. Ce matin, l'Opep a déclaré que la hausse actuelle du prix du baril "n'appelait pas d'intervention du cartel, compte tenu des fondamentaux du marché". Un responsable de l'Opep a, en fait, déclaré, sous couvert d'anonymat, que l'Opep n'interviendrait que si le baril "atteignait 30 dollars et s'y maintenait durablement". On considérait jusqu'ici que l'Opep pouvait assouplir sa position en cas de dépassement du seuil des 28 dollars.Par ailleurs, le danger d'une intervention militaire américaine en Irak est toujours présent et maintient les cours à un niveau élevé. Même si le ministre britannique des affaires étrangères Jack Straw a une nouvelle fois écarté l'hypothèse d'une "attaque imminente" contre l'Irak, il n'en reste pas moins que celle-ci reste possible durant le second semestre. Une telle intervention reste une épée de Damoclès qui menace le cours du pétrole.Une remontée durable du cours du pétrole peut représenter, pour la croissance américaine et mondiale, un danger non négligeable. Le maintien de l'inflation à un taux raisonnable aux Etats-Unis s'explique en partie par une baisse des prix de l'énergie. Si ces derniers remontent, l'inflation pourrait reprendre outre-Atlantique, forçant la Fed à remonter ses taux et à freiner la reprise. De plus, la reprise de l'investissement américain, qui reste la grande inconnue du rebond actuel, pourrait être stoppée par une flambée des prix énergétiques. La tension au Proche-Orient pourrait donc être à l'origine d'un "effet W" (phase de reprise suivie d'une rechute de l'économie), qui est la principale crainte actuelle des économistes.
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