"Risque de rechute de la reprise américaine"

La Tribune. - Pourquoi la reprise économique vous semble-t-elle aussi probable ? Pascal Blanqué. - L'économie américaine donne des signes de reprise à l'issue d'une récession finalement assez courte. Alors que le point bas semble avoir été dépassé dans l'industrie, l'économie commence à bénéficier des trois contre-chocs monétaire, inflationniste et pétrolier. La consommation continue à faire de la résistance. Elle s'appuie sur une dynamique de revenus des ménages intacte, la bonne tenue du marché immobilier, les renégociations de prêts hypothécaires et un appétit pour le crédit qui ne se dément pas. Quelle sera l'ampleur de la reprise ?Il faut s'attendre d'abord à un rebond technique. Où joueront de simples effets de base, principalement sur les stocks et l'investissement. Le raffermissement et l'accélération de la croissance viendront plus tard dans l'année. L'investissement restera le maillon faible car le surinvestissement de la fin des années 90 sera long à purger. Les surcapacités s'accompagnent d'une baisse des dépenses d'équipement, des profits, de certains prix et de la rentabilité du capital. Il reste par ailleurs des incertitudes sur la situation financière des ménages. Au total, l'économie américaine va repartir mollement sur des déséquilibres non totalement résorbés et des fragilités financières, avec donc un risque de rechute significatif. Il faudra notamment éviter que les marchés, de taux surtout, ne surréagissent à cette reprise modeste. La Réserve fédérale accompagnera sans doute son statu quo monétaire d'une rhétorique chagrine. Ensuite, il faudra beaucoup de doigté pour remonter progressivement les taux directeurs dans une économie toujours convalescente. Et l'Europe ?Les reprises américaine et européenne devraient être synchronisées, mais la reprise européenne n'est pas handicapée par des déséquilibres majeurs. Il n'y a pas eu de surinvestissement, ni de surendettement, les conditions au sens large sont accommodantes. Il manquait jusqu'à présent un environnement international plus favorable. Avec une reprise aux Etats-Unis et une embellie des échanges internationaux, rien ne s'oppose à un rebond marqué et sain de l'activité de ce côté-ci de l'Atlantique. Propos recueillis par Christophe Tricaud.
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