"La Tribune". Comment expliquez-vous le franchissement des 300 dollars par l'once d'or à Londres hier ?Jean-Bernard Guyon. Le fait majeur semble devoir être attribué aux mines qui ont annoncé rompre avec la pratique des ventes à terme car celles-ci souffrent de taux d'intérêt trop faibles ; ce qui rend les prix inintéressants. Les initiatives prises par Normandy Mining et Anglo Gold devraient être suivies par une fraction importante des autres grands producteurs. Encore plus emblématique : le canadien Gold Corp a décidé de conserver son or en placement de sa trésorerie. Mais le rebond de l'or trouve aussi son origine dans l'augmentation des risques pays. Après l'Argentine, l'or bénéficie maintenant de la fin de la garantie des dépôts dans les banques japonaises qui doit intervenir à la fin mars. Enfin, on ne peut ignorer la détérioration générale de la confiance sur les marchés dans le sillage de l'affaire Enron...Ce rebond est-il durable ?A l'issue de vingt années de baisse des cours qui ont vu l'once passer de plus de 800 dollars à près de 250 dollars, le métal retrouve les vertus d'une diversification à bon marché pour les investisseurs. Le choc produit par les attentats du 11 septembre a servi de révélateur. Sans préjuger de l'ampleur du rebond, il est acquis que le mouvement actuel traduit une rupture nette avec la baisse de l'or. Le marché est assaini et les ventes des banques centrales ne font plus peur. Les banques européennes ont décidé de limiter leurs sorties à moins de 400 tonnes par an, les russes et les chinois demeurent acheteurs alors que les Etats-Unis, le Japon et le FMI ont confirmé ne pas vouloir vendre. Les ventes des banques centrales sont maintenant prévisibles et le temps des flux désordonnés est révolu.La concentration du secteur va-t-elle soutenir la reprise ?Ces rapprochements vont accélérer l'abandon des ventes à terme. Cependant, ils ne sont pas en eux-mêmes constitutif de la hausse de l'once. Plutôt que des fermetures de mine, la concentration devrait favoriser une rationalisation et permettre un meilleur accès au marché financier des acteurs.Propos recueillis par Christophe Tricaud

latribune.fr

20 Oct 2008, 4:44

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