Cryo et Titus sous les feux de l'actualité... judiciaire

La France pourrait bien ne plus compter bientôt que trois éditeurs de jeux vidéos, Infogrames, Ubi Soft et Vivendi Universal Games. En effet, après la chute de la maison Gaume, couronnée par le dépôt de bilan du bordelais Kalisto, les deux plus petites sociétés françaises du secteur sont menacées de disparaître.Cryo, spécialisé dans les jeux d'aventures culturels, les univers persistants et les franchises franco-françaises, qui s'était déclaré mercredi 3 juillet en cessation de paiement (lire ci-contre) après avoir demandé le report de son assemblée générale et la suspension de cotation de ses titres, a été mis en redressement judiciaire le 9 juillet dernier. La société bénéficie d'une période d'observation de 6 mois. Le Tribunal de Commerce de Paris a par contre prononcé la liquidation judiciaire de sa filiale Cryonetworks, dédiée aux technologies de jeu en ligne et retirée de la cote via une offre publique d'échange tout juste six mois après son introduction.Depuis la reprise de cotation de Cryo, l'action a perdu la moitié de sa valeur. Elle ne cote plus que 0,14 euros contre 5 euros encore au début de l'année. Depuis des mois, la société de Jean-Martial Lefranc lutte pour sa survie. Malgré une opération de restructuration majeure qui l'a conduite à se séparer de 20 % de ses effectifs, Cryo a réalisé une perte nette de 16,5 millions d'euros en 2001 contre un bénéfice de 10,6 millions en 2000.C'est précisément dans le cadre d'opérations de refinancement similaires qu'une affaire délicate touche à son tour Titus Interactive : la Commission des opérations de bourse (COB) a condamné l'éditeur à une amende de 100.000 euros pour la diffusion d'une information "imprécise et trompeuse" sur son chiffre d'affaires de l'exercice 2000, dans le cadre d'une émission d'Océane lancée en février 2000. "Considérant qu'il apparaît, en premier lieu, que la société Titus Interactive a diffusé au marché une information imprécise et trompeuse" et "que ce comportement a eu pour effet de fausser le fonctionnement du marché ou de porter atteinte à l'égalité d'information", la COB a décidé de "prononcer une sanction pécuniaire de 100.000 euros à l'encontre de la société Titus Interactive", selon un avis publié au Journal Officiel.La société des frères Caen avait lancé une émission d'Océane le 9 février 2000. Dans sa note d'opération, Titus avait anticipé un chiffre d'affaires semestriel de 60,9 millions d'euros, alors que selon la COB, elle disposait déjà d'éléments lui permettant de prévoir la baisse de son chiffre d'affaires annuel.De fait, le 27 avril 2000, soit deux mois après l'émission des Océane, le groupe avait révisé à la baisse son chiffre d'affaires pour l'exercice 2000 à 1 milliard de francs (152,24 millions d'euros), contre 1,5 milliard de francs (228,67 millions d'euros) annoncé en octobre 1999. "Les investigations effectuées ont permis de constater que la société Titus Interactive disposait dès le début de l'année 2000 d'éléments -traduits dans un document interne daté du 4 février- qui lui permettaient d'anticiper la baisse de son chiffre d'affaires, qui s'est finalement établi à 142,8 millions d'euros", indique la COB. Le cours de Titus dévissait de plus de 10% mardi à Paris et reperdait 5% mercredi. Si les derniers résultats de la société se sont révélés positifs (lire ci-contre), les analystes sont toujours inquiets sur la situation de trésorerie de Titus (3,3 millions d'euros fin décembre 2001) et sur ses perspectives, après que le groupe a cédé son "meilleur studio", Shiny.Il semble donc que dans l'univers impitoyable du jeu, il n'y ait que peu de place pour les petits français. Surtout s'ils trichent.
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