Avant la grève, le gouvernement tente de désamorcer la mobilisation

Un pas en arrière ou un pas en avant ? A la veille d'une journée de mobilisation qui s'annonce difficile, le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, a indiqué que le gouvernement va reporter à la mi-septembre le dépôt devant le Conseil d'Etat de son projet de loi sur la décentralisation dans l'Education nationale. Gérard Aschieri sortait d'une "table ronde" sur l'Education avec Luc Ferry et Nicolas Sarkozy. Le ministre de la Fonction publique Jean-Paul Delevoye a indiqué que cet "assouplissement" avait pour but "d'expliquer" les réformes.Gérard Aschieri s'est félicité du "changement de ton" du gouvernement. "On a enfin entendu nos inquiétudes", a-t-il affirmé. Reste que ce report ne saurait calmer immédiatement la grogne des enseignants. "Ce n'est pas le moment de lever le pied", a ainsi confirmé le secrétaire général de la FSU, ajoutant que ce "changement de ton" était "lié à la force du mouvement". De même, l'UNSA Education considère que si "la décision du gouvernement de rouvrir des discussions est positive, le calendrier est insuffisant". Au PS, on a très vite réagi. Le serétaire national pour l'Education, Yves Durand, a estimé qu'il "peut s'agir d'une mesure d'apaisement à condition qu'elle ne soit pas qu'un report dans le calendrier". Le porte-parole du parti d'opposition, Annick Lepetit, a demandé que ce report soit l'occasion "de reprendre véritablement la discussion avec les syndicats". Le Parti communiste indique de son côté que le gouvernement "qui a voulu passé en force a été contraint, par la mobilisation populaire, de lâcher un peu de lest". Place du Colonel-Fabien, on appelle à "tout faire pour continuer et amplifier le mouvement pour sauvegarder les retraites et l'école". Réactions également à l'UDF: la secrétaire nationale Marielle de Sarnez a ainsi estimé que cette décision "allait dans le bon sens". Tensions sur le terrainCette décision gouvernementale est plutôt inattendue. Avant d'entrer à cette "table ronde", le secrétaire général de l'UNSA Education, Patrick Gonthier, indiquait que la recherche du compromis "était extrêmement difficile". Selon lui, le retrait du projet sur la décentralisation était un préalable "à l'ouverture d'un grand débat sur l'éducation dans la sérénité". Une opinion qui était partagée par Gérard Aschieri qui déclarait : "pour qu'il y ait un vrai débat, il faut lever plusieurs hypothèques, dont celle de la décentralisation". Sur le terrain, certaines tensions sont toujours perceptibles, notamment à Marseille où l'accès à la Faculté des sciences était bloqué ce matin par des étudiants. A Calais, 250 agents territoriaux et enseignants ont bloqué deux Eurostars en gare de Fréthun en se couchant sur les voies. La gendarmerie est intervenue pour faire reprendre le trafic peu après 11h30. Par ailleurs, place de la Bourse, 200 enseignants ont manifesté pour demander la "taxation des revenus financiers pour financer les retraites". La SNCF en pointeLa grève des transports devrait commencer dès ce soir à 20h à la SNCF, où six syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, UNSA et SUD-Rail) ont appelé à cesser le travail. Selon la compagnie, 1 TGV sur 3 et 1 Corail sur 3 devraient circuler demain. Selon les régions, le trafic TER devrait être compris entre un tiers et un cinquième du trafic normal. En région parisienne, entre un tiers et un quart des trains prévus devraient criculer. Seules les lignes Eurostar et Thalys devraient être épargnées (compter cependant 3 trains sur 4 pour Bruxelles). A 22h lundi, les transports parisiens de la RATP seront touchés à leur tour. Les perturbations devraient être plus limitées puisque seule la CGT a demandé l'arrêt du travail. Ce syndicat est cependant majoritaire au sein de la Régie. La direction prévoit en moyenne "plus d'une rame de métro sur deux". Les lignes les plus touchées seront les lignes 2, 8, 9 et 10 où une rame sur trois est prévue. Sur le RER A, le trafic sera deux fois moindre que d'habitude. Sur toutes les autres lignes, on comptera deux rames sur trois. A la SNCF comme à la RATP, les grèves sont reconductibles. Dans la fonction publique, la CGT et FO appellent à une "grève illimitée". D'autres secteurs seront également touchés comme les taxis, Air France, les contrôleurs aériens, les transports routiers, la chimie, l'imprimerie et même Météo France. Dans l'Education, une dixième journée "de mobilisation" est prévue par la CGT, FO, l'UNSA et la FSU. Dans l'enseignement primaire, la branche de la FSU, le SNUipp prévoit entre 65% et 70% de grévistes.A propos de ce mouvement, Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, a considéré lundi matin sur Europe 1 que les "régimes spéciaux" de la SNCF et de la RATP, par exemple, "étaient concernés par la réforme". "Au nom de l'équité entre tous les salariés, on aura le même discours sur les régimes spéciaux, si ce n'est immédiatement, ce sera le coup d'après", a estimé le syndicaliste. Avant de prévenir : "nous avons l'intention d'occuper le terrain et de convaincre la majorité et le gouvernement qu'il faut reprendre les négociations".De son côté, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jacques Barrot, a estimé, dans une interview aux Echos, "que si les blocages se multiplient, la France silencieuse saura se faire entendre". "Les bénéficiaires de la réforme, ceux qui veulent plus d'équité, finiront par se réveiller", a ajouté le député de Saône-et-Loire.
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