Cacophonie autour de la suppression d'un jour férié

Pour mettre fin aux différents sons de cloche autour de la question de la suppression d'un jour férié, le service de presse de Matignon a publié un communiqué affirmant que les "décisions finales" sur l'instauration d'une "journée nationale de solidarité" envers les personnes âgées et handicapées "ne sont pas arrêtées". "Ce n'est que lorsque les travaux concernant le contenu des plans seront achevés que les décisions sur son financement seront prises. Plusieurs hypothèses sont étudiées telle que l'idée d'une "journée nationale de solidarité", qui avait été proposée par des associations. "Les décisions finales ne sont pas arrêtées", conclut le texte. Et pourtant, plus tôt dans la matinée, une source gouvernementale citée par l'AFP avait indiqué à l'AFP que le lundi de Pentecôte ne sera plus férié dès 2004 afin de financer l'aide aux "personnes âgées et handicapées". Cette source avait ajouté que l'approche du gouvernement était celle "du don d'une journée de travail pour pallier les problèmes qui nous attendent tous, c'est à dire vieillissement et parfois handicap".La suppression d'un jour férié, en l'occurrence le lundi de Pentecôte, à partir de l'année prochaine, avait été annoncée par Les Echos et France Soir dans leur édition de ce matin. Selon ces deux quotidiens, cette mesure, qui devait se traduire pour les salariés du privé et du public par un jour travaillé supplémentaire dans l'année, conduirait les entreprises à renverser à l'Etat l'équivalent supposé du produit de leur activité sous la forme d'une cotisation nouvelle de 0,2 à 0,3% de la masse salariale. Pour les deux journaux, la suppression d'un jour férié rapporterait 1,9 milliard d'euros. Parmi les mesures qui seront financées grâce à ces ressources nouvelles, Les Echos évoquent "un programme d'ouverture de 100.000 lits médicalisés pour les personnes âgées dans les maisons spécialisées à l'horizon 2015" ou encore l'affectation de 400 à 500 millions d'euros à l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). Pour ce qui est réactions, elles sont évidemment très virulentes à gauche. Le parti socialiste, par la voix du groupe PS à l'Assemblée nationale, juge "assez choquant, et même scandaleux "que le gouvernement envisage de supprimer un jour férié pour financer l'aide aux personnes âgées dépendantes. Pour lui le gouvernement est en train d'inventer un nouvel impôt, "l'impôt travail". La porte-parole nationale des Verts Mireille Ferry a vu, pour sa part, dans cette mesure une "imposture inacceptable". Dans les rangs des syndicats, l'éventualité de la suppression d'un jour férié provoque un véritable tollé. Pour la CFDT, c'est "une mauvaise réponse à vraie question", la confédération de François Chérèque estime que "le risque dépendance doit être financé par tous les revenus et géré par la Sécurité sociale". Force ouvrière dénonce pour sa part la "charité obligatoire" choisie par le gouvernement au détriment de la solidarité. Quant à la CFTC, elle considère dans un communiqué que le projet de suppression d'un jour férié n'est qu'un "gadget, un peu similaire à cvelui de la vignette auto" et juge que cette mesure sera contre-productive par rapport à la croissance". Pour ce qui est du patronat, le Medef estime que le principe de la suppression d'un jour férié est "une bonne idée" tout en ajoutant attendre que le gouvernement la confirme et en précise les modalités. Enfin à droite, les opinions sont partagées. Alors que l'ancien ministre Alain Madelin (UMP) a qualifié cette suppression de "très mauvaise idée" sur BFM, un autre ancien ministre Jacques Barrot, dit "personnellement favorable" à cette mesure. Le président du groupe UMP à l'Assemblée a fait valoir qu'il y avait des "besoins importants de prise en charge des aînés". Pour lui, affecter le produit d'une journée de travail supplémentaire serait "une occasion de responsabiliser" les Français. Pour sa part, le premier vice-président du groupe UMP Bernard Accoyer a expliqué que "si cette solution devait être retenue", il pourrait être envisagé d'affecter un pourcentage du PIB national à ce fonds spécifique. "Il faudra que cet argent soit sanctuarisé", a insisté M. Barrot.
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