Raffarin promet de nouvelles baisses d'impôts pour 2004

Il n'y avait pas de suspense. La motion de censure déposée par les socialistes contre le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a échoué à l'Assemblée nationale, ne recueillant que 176 voix, celles des députés PS, PCF et Verts, sur 577. Le débat ayant précédé le scrutin a été électrique en raison notamment de la petite phrase prononcée la veille par le Premier ministre sur la France "au purgatoire" à cause des socialistes.Hormis cette polémique, le débat qui s'est déroulé à l'Assemblée nationale a été l'occasion pour les deux camps de confronter leurs visions du bilan de plus d'un an de gestion Raffarin. Prenant la parole en premier, François Hollande n'a pas ménagé ses critiques. Croissance, emploi, finances publiques, réforme des retraites, décentralisation, conflit avec les intermittents: François Hollande a passé au crible l'action du gouvernement. Stigmatisant des résultats bien éloignés des promesses, le Premier secrétaire du parti socialiste a pointé les erreurs de diagnostic du gouvernement en matière de croissance. Après l'avoir initialement estimée à 2,5% pour 2003, l'équipe de Jean-Pierre Raffarin a dû revoir sa copie pour ramener sa prévision à 1,3%. L'Insee évoque même le chiffre de 0,8%. Pour François Hollande, le gouvernement s'est rendu coupable "de la pire erreur de diagnostic depuis 10 ans". Dérive des finances publiquesLe Premier secrétaire du PS s'est ensuite attaqué au bilan du gouvernement sur le terrain du chômage. "Vous avez perdu votre pari sur l'emploi", a-t-il accusé, estimant que "la baisse d'impôts n'a pas créé la croissance, la baisse de charges n'a pas créé l'emploi". Dans la foulée, le député-maire de Tulle a dénoncé une "dérive sans précédent des finances publiques" et jugé que "les dépenses d'avenir sont sacrifiées" comme l'éducation nationale et la culture. Avant de conclure, toujours sous les huées de l'UMP, il a fustigé les "méthodes" de Jean-Pierre Raffarin qui s'adresse "uniquement à (son) camp", notamment sur les retraites et la décentralisation. "Vos méthodes qui consistent à créer l'épreuve de force, à diviser les Français, à mettre les syndicats les uns contre les autres, à créer l'opposition, à faire éclater la cohésion nationale, vos méthodes suffisent à elles seules à justifier cette motion de censure", a-t-il affirmé. Et de promettre qu'après l'adoption de la réforme des retraites - qui ne fait aucun doute étant donnée la composition de l'Assemblée nationale - "le débat reviendra". Les socialistes prennent ainsi date avant le lancement de la réforme de la Sécurité sociale.Baisses de TVAAprès ce réquisitoire, le Premier ministre a pris la parole pour défendre son bilan, rappelant au passage que l'action du gouvernement découlait directement des résultats des élections de 21 avril 2002. Jean-Pierre Raffarin a aussi insisté sur le fait que le gouvernement avait trouvé en arrivant au pouvoir une France préoccupée par les questions de sécurité et que les pouvoirs publics s'étaient attachés à "rétablir l'ordre républicain". "En un an nous avons inversé la courbe de la délinquance", a-t-il souligné.Jean-Pierre Raffarin a rappelé la nécessité dans laquelle se trouvait le gouvernement de restaurer la confiance des Français dans notre économie et de rétablir "les principes de notre constitution sociale". Dans cet esprit, le Premier ministre a annoncé que sur le plan fiscal, "il n'y aura pas d'augmentation des impôts car ce serait tuer la croissance". En dépit du creusement des déficits publics, le Premier ministre s'est même engagé sur de nouvelles baisses d'impôts. "Pour dynamiser l'économie et revaloriser le travail, les ménages profiteront au contraire à nouveau en 2004 de baisses d'impôts significatives sur le revenu, via notamment des déductions nouvelles pour l'épargne-retraite et nous poursuivons notre action en faveur des taux réduits de TVA auprès de nos partenaires européens", a-t-il indiqué, faisant référence à la restauration et au bâtiment. Table-ronde sur l'emploi des seniorsConcernant la réforme des retraite, jugée "injuste et incohérente" par François Hollande, Jean-Pierre Raffarin a estimé que les Français pouvaient "désormais être rassurés sur l'avenir de leurs retraites". "La réforme proposée, c'est plus de justice, plus de liberté, plus de progrès social (...). Les décisions sont en place, les mécanismes de révisions sont connus. L'ensemble du processus jusqu'en 2020 est défini (...). C'est ça aussi le courage des réformes". Et afin de complètement rassurer les salariés - et futurs retraités -, le Premier ministre a annoncé la tenue à l'automne d'une première table-ronde tripartite Etat-partenaires sociaux-régions, "consacrée à l'emploi des seniors".Dans la foulée, le gouvernement compte engager la réforme du système de santé, dont l' "évolution est nécessaire". Mais cela devrait se faire en douceur, puisque Jean-Pierre Raffarin a affirmé que "toutes les négociations avec l'ensemble des partenaires de santé" sur le financement de la sécurité sociale seront menées jusqu'à l'automne 2005... De longues discussions en perspective, donc, à l'issue desquelles un accord sera signé "comme d'habitude, avec les partenaires sociaux qui veulent bien conclure avec le gouvernement". Cinq textes sur la décentralisationLe Premier ministre a également annoncé que le statut d'EDF et de GDF serait "prochainement adapté" pour assurer leur développement, ce qui permettra d'ouvrir leur capital". "EDF et GDF sont des champions mondiaux: nous voulons qu'elles le demeurent. J'attends d'elles qu'elles définissent des projets industriels permettant leur développement". Jean-Pierre Raffarin a aussi réaffirmé son intention de faire avancer un dossier qui lui est cher, à savoir la décentralisation. D'ici la fin de l'année, les députés devraient être amenés à se prononcer sur "cinq textes" concernant la décentralisation. "Nous avons besoin de proximité, de capacité à agir vite, d'une mobilisation locale. Je demanderai au Parlement de voter, avant la fin de l'année, plusieurs textes pour la décentralisation, parce que j'ai la conviction que la proximité régule mieux que la norme". Pour le Premier ministre, "les transferts de compétence donneront à l'action publique locale un nouveau souffle, comme la décentralisation de 1982 l'avait fait il y a 20 ans".
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