Raffarin fait sa fête à la Pentecôte

Après les cafouillages de communication de ces dernières semaines, Jean-Pierre Raffarin a présenté ce matin les grandes lignes du plan du gouvernement en faveur des personnes dépendantes. Ce plan, qui devrait permettre de dégager 1,9 milliard d'euros par an à répartir à égalité entre personnes âgées et handicapés - et 9 milliards d'euros d'ici à 2008 - va se traduire par la suppression d'un jour de repos. Cette journée de travail supplémentaire fera l'objet d'une cotisation patronale de 0,3%, ajoute Matignon, en notant que la suppression d'un jour férié permettra "à terme" d'augmenter la production nationale de 0,3% environ. De même, les revenus du capital, à l'exception de l'épargne populaire et notamment du Livret A, seront mis à contribution. En revanche, les chômeurs et les retraités seront exclus de cet effort de solidarité, ainsi que les entreprises uni-personnelles, nombreuses dans le commerce et l'artisanat. Le jour férié supprimé sera le lundi de Pentecôte pour les fonctionnaires, de même que dans les entreprises, "à moins" que ces dernières ne choisissent un autre jour. Le Premier ministre a précisé que le lundi de Pentecôte "continuera à être férié en 2004", les dispositions législatives concernant le plan pour les personnes âgées et handicapées ne pouvant intervenir qu'au "premier semestre" de l'année prochaine. "Le jour de travail supplémentaire" entrera pour la première fois en vigueur "entre le 1er juillet 2004 et le 1er juillet 2005", a-t-il dit. Les sommes ainsi collectées seront affectées à une nouvelle caisse nationale spécifique, dédiée à la dépendance et au handicap, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), qui constituera donc une nouvelle branche de la protection sociale, à côté des branches famille, maladie, vieillesse et accidents du travail. Cette caisse "garantira l'utilisation exclusive" des fonds collectés au profit des personnes dépendantes, a insisté le chef du gouvernement. Les sommes dégagées servront d'une part à péréniser l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), soit 400 millions d'euros par an, et d'autre part à financer deux séries de mesures. Les premières concernent les personnes âgées. Le gouvernement prévoit la création de 10.000 nouvelles places en établissements, l'augmentation de 20% du taux d'encadrement des personnes dépendantes en établissements, la mise en place de 17.000 nouvelles places de services de soins infirmiers à domicile (afin d'atteindre près de 100.000 places en 2007) et la création de 13.000 places d'hébergement temporaire et d'accueil de jour. "Sur quatre ans, près de 30.000 places supplémentaires seront créées" pour l'aide à domicile, a ajouté le Premier ministre. Par ailleurs, pour les maisons de retraite, "15.000 personnels soignants seront recrutés d'ici 2007", a-t-il insisté. Un deuxième pan de mesures concerne les handicapés. Un projet de loi, qui sera examiné "en 2004", visera selon le dossier de presse de Matignon à améliorer le maintien à domicile, avec une augmentation du nombre d'auxiliaires de vie, à réduire le coût des aides publiques et à faciliter l'adaptation des logements. Après l'annonce de ce plan, les réactions n'ont pas manqué. Dans le secteur de la santé, la déception l'emporte. "Copie bâclée", "grenouille déguisée en boeuf", "plan largement en-dessous des attentes": dans leurs commentaires, les professionnels de l'hébergement ou des soins des personnes âgées considèrent que le dispositif et les mesures prises ne correspondent pas aux attentes et aux besoins. Dans les rangs des partenaires sociaux, le Medef s'est félicité de la suppression d'un jour chômé, tout en prévenant qu'il restera "attentif aux modalités d'application de cette mesure dans les entreprises". A la CFTC au contraire, on dénonce "l'agression contre les 35 heures". Enfin au sein des formations politiques, l'UMP, sans surprise, estime que "le gouvernement apporte une vraie réponse à un besoin pressant en faveur de la dépendance des personnes âgées et des personnes handicapées". Au Parti socialiste, le député de l'Ardèche Pascal Terrasse dénonce derrière le plan "un nouvel impôt déguisé qui nous laisse penser que pour M. Raffarin, tout travail ne mérite pas salaire". Plus tôt dans la matinée, l'UDF avait fait entendre une note discordante au sein de la majorité. Le président du groupe UDF à l'Assemblée nationale a affirmé que son groupe n'était pas prêt à voter la suppression d'un jour férié ou d'une journée RTT, déplorant que l'UDF n'ait "jamais été consultée" sur ce sujet.
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