L'OCDE pousse la France sur la voie de la réforme

Le diagnostic de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) sur l'état de santé de la France ne diffère guère de ceux produits par le FMI ou l'Insee. Dans leur rapport publié ce matin, les économistes du château de la Muette constatent qu'après plusieurs années de croissance soutenue de l'emploi et de la production, "l'activité a ralenti au cours des dix-huit derniers mois". Conséquence, après une croissance du PIB de 1,2% en 2002, "la croissance moyenne devrait être inférieure à 1% en 2003", prévoit l'OCDE. Cependant, l'organisation note que "les bilans des entreprises et des ménages demeurent satisfaisants, ce qui, avec la dissipation des incertitudes internationales, devrait permettre à l'économie d'atteindre un rythme de croissance voisin de 2% en 2004". Les experts de l'OCDE dépassent très vite cette question conjoncturelle pour pointer du doigt le principal défi que la France va devoir relever, à savoir le problème de la limitation de la montée des dépenses de retraite et de santé. Faute d'une "réforme fondamentale" et même avec "une amélioration continue des niveaux de productivité et de revenu", l'OCDE estime que le déficit de l'assurance maladie et des régimes de retraite augmenterait, à hauteur de 5% du PIB d'ici à 2030. Une telle situation ne saurait être supportable, juge l'OCDE, car elle conduirait à un gonflement insoutenable de la dette publique. Selon les estimations de l'organisation, "le ratio de la dette par rapport au PIB pourrait plus que doubler à l'horizon de 2030".Rétablir l'équilibre budgétaireDans ce contexte, l'OCDE préconise deux types de mesures. Les premières à court terme sont destinées à mettre un terme au dérapage budgétaire actuel. Pour les économistes de l'organisation, la priorité doit être donnée à la réduction des dépenses. Et l'OCDE salue d'ailleurs le choix du gouvernement Raffarin de viser une réduction de 0,5% du déficit structurel en 2004 et insiste sur la nécessité pour la France de tenir ses engagements vis à vis de Bruxelles, à savoir le rétablissement de l'équilibre budgétaire à moyen terme. Selon les estimations de l'OCDE, en 2003 le déficit devrait dépasser 3,5% du PIB. Afin de réduire les dépenses, les économistes de l'organisation proposent notamment que ne soient pas remplacés une partie des fonctionnaires partant à la retraite.Pour assurer "la soutenabilité des finances publiques dans le moyen et le long terme", l'OCDE, qui adresse un premier satisfecit à la France pour les projets de réforme actuels dans les domaines de la retraite et de la santé, préconise néanmoins des "mesures complémentaires" afin de freiner la progression des dépenses dans ces deux domaines. Si l'OCDE, à la lumière des expériences vécues dans d'autres pays, concède qu'il n'existe pas de solution facile permettant de stopper le dérapage des dépenses de santé, elle rappelle également qu'"une série de mesures devrait permettre de freiner la hausse des dépenses de l'assurance maladie et de rendre plus contraignant l'objectif de dépense fixé par le Parlement (ONDAM)". La philosophie de ces mesures pourrait être résumée ainsi: il s'agit de contraindre les administrateurs, les médecins et les utilisateurs à assumer davantage la responsabilité des coûts que leurs actions engendrent. "Couplées avec une augmentation des dépenses effectivement à la charge des patients", indique l'OCDE, "ces réformes, de même que la décision de rembourser des médicaments au prix des génériques, devraient exercer un effet de freinage supplémentaire sur la demande".Stimuler l'investissement et la productivitéParallèlement à la réforme stricto sensu des régimes de retraite et de santé, l'OCDE estime que l'on peut lutter efficacement contre les dérives budgétaires liées au vieillissement de la population. L'organisation recommande notamment d'améliorer " les taux d'emploi et la production potentielle" afin de doper la "capacité de l'économie de financer les dépenses futures". Et d'énumérer une série de mesures qui permettraient d'atteindre cet objectif: développement des programmes qui offrent une formation en entreprise, poursuite de la réforme des programmes de préretraite et les systèmes de retraite afin de développer les incitations à travailler chez les salariés âgés, modification de la fiscalité et du marché du travail, accentuation des politiques destinées à promouvoir le développement des entreprises de haute technologie et celles à croissance rapide, ce qui devrait stimuler l'investissement et la productivité. Enfin, l'OCDE, qui remarque que l'Etat français détient encore 1.500 entreprises, juge que l'ouverture du capital et les éventuelles privatisations d'entreprises publiques ainsi que l'amélioration prévue des structures de gouvernance seraient utiles dans une perspective d'amélioration de l'investissement et de la productivité. L'OCDE précise néanmoins dans la foulée que "le produit des cessions devrait être utilisé pour réduire la dette". Au moment où l'éventualité de modifier les statuts d'entreprises comme France Télécom, EDF ou GDF se fait plus pressante, ces remarques seront sans doute étudiées de près par le gouvernement.
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