Le gouvernement passe en force dans le conflit des intermittents

Le gouvernement a décidé de passer en force dans le dossier des intermittents du spectacle. Il vient en effet d'engager la procédure d'agrément de l'accord réformant leur assurance-chômage. Cette décision intervient au lendemain de l'échec d'une deuxième rencontre entre partenaires sociaux. Un avenant au protocole signé à la fin du mois dernier, et demandé par Jean-Jacques Aillagon, y a été adopté, qui prévoit le maintien du système actuel d'indemnisation chômage des intermittents jusqu'à la fin de l'année. Mais cet avenant, pas plus que le protocole précédent, n'a reçu l'aval de la CGT (majoritaire au sein des intermittents) ni de Force ouvrière. Pour Jean-Jacques Aillagon, l'avenant apporte des "améliorations importantes", de nature à "préserver" le régime spécifique des 100.000 intermittents du spectacle. Mais ce n'est pas l'avis d'une partie du monde du spectacle, dont le mouvement de colère ne faiblit pas. A l'issue de la réunion d'hier, le responsable de la CGT avait appelé "tous les professionnels à continuer les actions et à généraliser la grève". Le mot d'ordre a été entendu à Avignon où dans la nuit, réunis en assemblée générale, artistes, techniciens et personnels administratifs du festival se sont prononcés en faveur de la grève reconductible. A La Rochelle, où se tiennent traditionnellement les Francofolies, important festival de musiques et de chansons actuelles, le verdict est tombé: à deux jours de l'ouverture programmée, le directeur de la manifestation, Jean-Louis Foulquier, a décidé de jeter l'éponge et d'annuler les Francofolies.Soulagement en revanche à Aix-en-Provence, où les spectacles de ce soir, jeudi et vendredi sont confirmés, les intermittents ayant voté majoritairement la reprise du travail.Le gouvernement, en lançant la procédure d'agrément, signifie aux grévistes qu'il ne peut aller plus loin dans les concessions sans désavouer notamment le Medef et la CFDT, les deux principaux signataires de ce protocole, et remettre ainsi plus largement en cause le rôle de l'Unedic. A ce risque, les pouvoirs publics préfèrent celui d'une annulation de certains des grands festivals qui rythment l'été culturel en France.Or, dans ce bras de fer, ce sont les festivals qui risquent d'y laisser quelques plumes, coincés entre leur sympathie pour les intermittents et leurs impératifs économiques. Et pour beaucoup, l'équilibre budgétaire est souvent difficile à réaliser. Aux premières loges, l'annulation des Francofolies de La Rochelle, autofinancées aux deux tiers, entraînera une perte sèche de 1,5 million d'euros. Même message d'inquiétude, mais du gouvernement lui-même cette fois-ci: le secrétaire d'Etat au Tourisme Léon Bertrand a mis en garde aujourd'hui les acteurs du conflit sur les conséquences pour le tourisme festivalier. 600 festivals et manifestations culturelles ont lieu en France entre juin et octobre, et attirent une clientèle nationale et étrangère croissante. Concrètement, les retombées économiques du festival "in" d'Avignon sont estimées à 22,9 millions d'euros, dont 18 pour l'économie locale. Celles des Francofolies de la Rochelle avaient été estimées à 14 millions d'euros l'an passé.
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