Nouveau dérapage spectaculaire attendu pour la Sécu en 2003

Plus ça continue, plus c'est la même chose: les comptes de la Sécurité sociale n'en finissent pas de se dégrader. Non seulement ils ont plongé de façon spectaculaire dans le rouge l'année dernière, avec un déficit de 3,4 milliards d'euros, mais en plus ce "trou" devrait s'aggraver considérablement cette année, pour passer à 7,9 milliards d'euros...Révélés aujourd'hui par l'AFP, les chiffres établis par la Commission des comptes de la Sécurité sociale, qui seront officiellement publiés demain, font apparaître une dégradation brutale des comptes de la Sécu l'année dernière: après trois années d'excédents, l'ensemble des caisses de Sécurité sociale ont terminé l'année sur un déficit de 3,4 milliards d'euros. Principale responsable, comme toujours: l'assurance maladie, qui a perdu à elle seule 6,124 milliards.Et cela ne va pas s'arranger: la Commission des comptes prévoit en effet une détérioration beaucoup plus marquée qu'attendu jusqu'ici pour l'année en cours. Alors que la loi de financement de la Sécurité sociale prévoyait un déficit 2003 de 3,9 milliards d'euros, c'est un chiffre de 7,9 milliards qui devrait en fait être enregistré. Soit un déficit deux fois plus élevé qu'initialement prévu. Pourquoi une telle détérioration? Tout simplement parce que la Sécu est une fois de plus prise en étau entre une baisse des recettes liée à la crise économique et la flambée des dépenses, notamment médicales. Ce que la Commission exprime ainsi: "le creusement du déficit du régime général en 2002-2003 résulte mécaniquement de l'écart de croissance entre les produits (qui ont sensiblement ralenti) et les charges (dont l'évolution est très dynamique)".Les recettes de la Sécu vont ainsi chuter d'environ 3 milliards d'euros du fait de la révision à la baisse de la croissance de la masse salariale. Alors que l'on attendait une progression de 4,1% de cette dernière, un chiffre de 2,7% seulement est désormais prévu. Le ralentissement de l'économie et la montée du chômage, qui diminue d'autant les cotisations versées par les employeurs et les salariés, sont passés par là.Au chapitre des dépenses, l'assurance maladie mène toujours la danse. Les dépenses de soins devraient augmenter cette année de 5,9%, soit légèrement plus que l'objectif officiel prévu par l'Ondam (Objectif national de dépenses) voté par le Parlement, qui s'élevait à 5,3%. Ce qui tendrait à montrer que l'Ondam a été fixé cette année à un niveau plus réaliste que lors des exercices précédents, où il avait été très largement dépassé.Finalement, la branche maladie devrait enregistrer un déficit de 9,7 milliards d'euros en 2003, soit moitié plus que l'année dernière.Pour le gouvernement, ces chiffres ne sont pas encourageants. D'abord parce que l'impératif d'une maîtrise des déficits publics apparaît de plus en plus comme un casse-tête insoluble. Même si les dates butoir prévues par les textes européens sont en train d'être discrètement mises à l'écart (lire ci-contre), la France ne pourra pas indéfiniment laisser filer les déficits des régimes sociaux.Ensuite parce que ces prévisions très négatives pour la Sécurité sociale viennent cruellement rappeler qu'il s'agit là du prochain grand dossier de réforme du gouvernement. Les initiatives récentes prises en matière de dé-remboursement de médicaments, et la levée de boucliers qu'elles ont suscité, ont montré à quel point le sujet était explosif. En plein conflit social sur la réforme des retraites, l'équipe de Jean-Pierre Raffarin n'a pas vraiment besoin que l'opinion publique se souvienne qu'il y a des réformes encore plus difficiles à venir.
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