"Il faut veiller à ce que les évolutions des taux de change ne se produisent pas trop vite"

La Tribune : Demain mardi l'ECOFIN va plancher sur la directive d'harmonisation des taux de TVA. La France souhaite pouvoir appliquer le taux réduit à la restauration. Pensez-vous que cela sera accepté ?Hans Eichel : En ce qui concerne la réduction des subventions, nous sommes en Allemagne sur une autre voie. Les subventions doivent être abaissées. Au printemps nous avons justement proposé de limiter les taux réduits de TVA aux produits de première nécessité. Nous allons en parler le 7 octobre à l'ECOFIN avec d'autres partenaires et chercher une solution commune.Paris fait cependant valoir que ce taux réduit de TVA dans la restauration créerait au moins 40 000 emplois...Le rapport de la Commission de l'UE à ce sujet est formel: il n'y a absolument aucune preuve que les applications d'un taux de TVA réduit créent quelque emploi que ce soit. Une baisse des prix dans le secteur liée à un changement de TVA est aussi difficile à constater. Mais nous allons ensemble au Conseil ECOFIN chercher une solution pour ce voeu français.L'initiative franco-allemande de croissanceLe 18 septembre, vous avez présenté avec la France une liste de dix "projets concrets" pour relancer la croissance et la compétitivité. Quels sont les délais de ces projets ? Les délais exacts ne sont pas encore définis précisément mais il s'agit d'une initiative sur plusieurs années. Elle est liée à la "stratégie de Lisbonne", c'est-à-dire de faire de l'Europe la région la plus compétitive du monde. Un objectif extraordinairement ambitieux. Elle s'insère dans cette stratégie. Il s'agit surtout d'investissement "dans les cerveaux" de nos concitoyens, un point sur lequel Francis Mer et moi-même avons la même vision car le plus important pour l'avenir sont des gens bien formés. Plus pour la recherche et des investissements dans les infrastructures de transport sont également prévus.Comment ces projets seront-ils financés ?Le financement ne doit pas grever plus les budgets nationaux et celui de l'Union européenne (UE). C'est possible par le recours aux capitaux privés et à des crédits à taux préférentiels de la part de la Banque européenne d'investissement (BEI). Nous discutons encore des instruments précis de financement.Quel est le volume d'investissements de tous ces projets ?Je ne veux pas avancer de somme pour le moment : c'est encore à fixer. Il est important que des projets soient déterminés. Il faut vérifier si les projets se financent dès le début et quand le retour sur investissement est prévu. Ce sont des points qui devront être clarifiés par la Commission européenne et la Commission des affaires économiques et financières de l'UE. L'initiative franco-allemande sera certainement complétée par la participation du Royaume-Uni et d'autres pays. Tout cela doit être rassemblé. La France et l'Allemagne ont déjà identifié des projets. L'Italie a fait aussi des propositions dans le domaine des infrastructures de transport. Notre concept est toutefois plus large. Une discussion raisonnable doit être menée en Europe à ce sujet. D'autres n'ont pas encore fait état de projets et cela peut encore se faire durant cet automne.Dans la déclaration commune franco-allemande il est aussi question "d'un complément en temps utile par d'autres projets". Quels autres projets pourraient également être envisagés ?Je souhaite que cela devienne une initiative paneuropéenne. Il est possible qu'au cours de la discussion qui s'ensuivra avec l'apport d'autres des accents supplémentaires soient placés ou que l'accent de l'initiative se déplace. La croissance doit se répandre dans tous les pays de l'UE, c'est cela l'essentiel. Pouvez-vous vous imaginer d'autres initiatives franco-allemandes en matière de politique économique et de finances ? Paris évoque régulièrement un gouvernement économique pour l'UE...Il est important que non seulement la France et l'Allemagne, comme moteur de l'intégration de l'UE, harmonisent leurs politiques économiques. L'Europe n'avance pas si seulement la France et l'Allemagne s'entendent. Nous devons veiller à pouvoir enthousiasmer avec nos idées d'autres pays mais aussi prendre acte de leurs propres visions. C'est pourquoi il faut veiller à un accord franco-allemand mais être aussi prêt le dialogue avec tous les autres. Et nous y sommes prêts.Sur la directive sur les prises de contrôle d'entreprises (les OPA), l'Allemagne et la France ont rapproché leurs positions...Il y a l'initiative pour une politique industrielle européenne de la part de Chirac, Blair et Schröder. Nous sommes ainsi d'accord sur la directive OPA car Français et Allemands ont le même objectif : des conditions égales en Europe pour l'acquisition d'entreprises. Puisque nous avons un marché mondial, les règles d'OPA avec d'autres régions sont également importantes. Pour des OPA dans un marché mondial, des conditions mondiales de concurrence doivent aussi prévaloir, c'est la position commune franco-allemande.Les déficits des finances publiques, le Pacte de stabilité et de croissanceDonneriez-vous votre aval à des mesures de sanction contre Paris, dans le cadre de la procédure de déficit excessif engagée par la Commission de l'UE contre la France ?Cela ne sert à rien de faire des spéculations sur des sanctions. Il est pour moi décisif que l'on fasse tous les efforts possibles pour demeurer dans le cadre du Pacte et que nous, les ministres des Finances européens en consultation avec la BCE et la Commission, décidions ensemble, après une discussion juste, d'un accord le plus unanime possible à mettre en oeuvre. Cela devrait être valable pour tous: pour l'Allemagne et pour la France de la même façon. Lors de leur Sommet à trois, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ont signalé que la croissance avait la priorité sur l'assainissement de leur budget. Cette indiscipline budgétaire n'a-t-elle pas pour résultat de braquer et décourager les "petits" pays qui s'efforcent d'équilibrer leur budget, à l'instar de l'Espagne, et les pays candidats à l'euro comme la Suède ?Nous n'avons pas abandonné nos objectifs d'assainissement budgétaire. Sans croissance il ne peut y avoir d'assainissement réussi des finances publiques. Il ne saurait y avoir non plus de croissance durable sans consolidation des finances publiques. Ce sont les deux côtés d'une même médaille ! L'Allemagne se reconnaît - je le dis de façon décidée - dans le Pacte de stabilité et de croissance. Il ne s'agit pas d'une priorité de la croissance sur la discipline budgétaire. Dans l'Eurogroupe et l'ECOFIN, nous avons un avis très clair : après deux ans de stagnation économique, tous ont vu qu'il ne saurait y avoir une croissance durable sans consolidation des finances publiques mais aussi pas d'assainissement budgétaire sans une croissance durable. Actuellement en Europe, c'est la croissance qui est aux abonnés absents et c'est pourquoi quelques pays ne peuvent tenir leurs objectifs de réduction du déficit budgétaire. En conséquence, nous devons dans une combinaison très contraignante aussi assainir les finances publiques en période de stagnation économique. C'est ce que nous faisons actuellement en Allemagne en procédant à des coupes sévères dans le budget. Pour que cela ne contracte pas l'activité, il faut aussi en période de stagnation lancer une impulsion financière, une baisse d'impôts, afin de ne pas prolonger cette stagnation mais au contraire sortir du creux actuel de croissance. En 2000, le déficit budgétaire allemand n'était que de 1,2 % du PIB, soit le plus bas depuis la réunification, et la croissance atteignait 2,9 %. Aujourd'hui dans la troisième année consécutive de faible croissance mondiale, notre croissance est à peine inférieure à 1 % mais avec un déficit public total estimé actuellement à 3,8 %. Depuis 1999, nous avons entamé et poursuivi un assainissement du budget mais les recettes fiscales se sont effondrées et, en raison du chômage augmentant, les dépenses pour le marché de l'emploi ont explosé. Il est donc juste de considérer que le Pacte est dénommé Pacte de stabilité et de croissance. L'anticipation de la baisse d'impôts doit compléter nos efforts d'assainissement budgétaire et créer une nouvelle croissance.Quant aux "petits pays", ils ont de gros problèmes, si les grandes économies de la zone euro, comme la notre, ne croissent plus. Il faut aussi y penser quand on veut avoir une politique de dimension européenne. Notre politique économique et des finances veut ainsi être à la hauteur de sa responsabilité pour l'ensemble de l'économie européenne. Mais le président de la BCE, Wim Duisenberg, vous reproche de ne pas avoir profité des périodes de forte croissance pour remettre de l'ordre dans vos finances publiques. Ce n'est pas un bilan très flatteur pour votre action...Ce n'est pas une juste vision des choses. Le Premier ministre suédois, Göran Person, a signalé avec à propos que les grands pays européens n'avaient pas assaini leurs finances publiques dans les années 1990. C'est le cas de l'Allemagne mais c'est la situation que j'ai trouvé quand je suis devenu ministre des Finances au printemps 1999. Ce reproche ne concerne donc pas le gouvernement actuel: nous avons engagé immédiatement l'assainissement du budget. Cela regarde le gouvernement précédent [le chancelier Helmut Kohl et son ministre des Finances Theo Waigel] qui a certes ficelé le Pacte de stabilité mais n'a pas mis en oeuvre la politique correspondante. En 2002, le déficit public allemand a atteint 3,5 % du PIB, cette année vous escomptez 3,8 %. Sur quoi repose votre confiance de parvenir l'an prochain à repasser en dessous du seuil de 3 % de déficit prescrit par le Pacte de stabilité ?Le déficit public que nous aurons dépendra de notre nécessité ou pas cet automne de modifier nos prévisions de croissance et de recettes fiscales pour cette année et l'an prochain. C'est encore à déterminer. Cette année nous avons déjà rempli toutes les exigences de l'ECOFIN et de la Commission européenne. En 2004, nous poursuivrons la même politique et mettrons tout en oeuvre pour rester dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance. L'Allemagne et l'Europe ont besoin de croissance pour sortir de l'évolution déficitaire de leurs budgets.La procédure pour déficit excessif contre l'Allemagne est actuellement suspendue. Mais, si vos mesures de réduction des dépenses budgétaires n'étaient pas entérinées par la Chambre haute du Parlement, le Bundesrat, contrôlé par l'opposition (CDU/CSU), l'Allemagne risque-t-elle une réouverture de la procédure contre votre dépassement des critères de finances publiques ?Je ne souhaite pas discuter de telles hypothèses. Les Länder [réunis au Bundesrat] ont leurs responsabilités tout comme nous. Il est essentiel qu'en Allemagne nous parvenions à une attitude commune dans la politique budgétaire et des finances pour plus de croissance. Alors une réduction significative des déficits réussira.Ne serait-il pas plus crédible de promettre de passer sous la barre des 3 % de déficit seulement en 2005, comme votre collègue français ?L'évolution du déficit l'an prochain en Allemagne dépend encore de nombreux facteurs. Notre prochaine prévision de recettes fiscales et celles de croissance cet automne nous donnerons des indications à jour. Je ne crois pas aux spéculations et donc regarde l'évolution future de façon détendue. Notre politique de renforcement de la croissance va en tout cas à l'encontre de tous les déficits et est la bonne réponse à y apporter. L'assainissement budgétaire sans croissance ne peut réussir à long-terme.La faible croissance, la conjonctureL'Allemagne souffre depuis plusieurs années d'une faible croissance. Les économistes craignent que cette situation perdure dans les prochaines années et que donc le chômage ne va pas décroître...De 1999 à 2001, nous avons eu une forte décrue du chômage avec le niveau d'emplois le plus élevé depuis la réunification. Cela reste donc possible. Il est vrai cependant, comme la Commission européenne l'a étudié, que deux tiers de la faiblesse de la croissance en Allemagne sont dus à la réunification et ses conséquences. Il est donc important que nous appliquions rapidement les réformes nécessaires. Si l'Allemagne évolue, alors la croissance évolue aussi vers le haut.L'euro, le G7 et la BCE, les réserves d'orL'euro est au plus haut face au dollar depuis juin dernier. Cette appréciation de l'euro pourrait-elle freiner ou contrecarrer la reprise économique en Allemagne ?Sur les questions monétaires il faut rester prudent. Tous les ministres des Finances s'y emploient, comme moi. Il faut veiller à ce que de telles évolutions ne se produisent pas trop vite. La Commission européenne et la BCE observent donc, de façon tout aussi attentive que les ministres des Finances de la zone euro, les évolutions à tout moment. Votre communiqué du G7 à Dubai était-il une erreur ? A-t-il été mal compris ? Appelez-vous réellement "à une plus grande flexibilité des taux de changes" ?Les déséquilibres dans le système du commerce mondial sont la seule chose à laquelle nous avons fait référence à Dubai. Il convient de les réduire en toute prudence, peu à peu, et tous doivent y participer. C'était cela l'indication pour plus de flexibilité [dans les taux de change]. Jusqu'ici la dépréciation du dollar n'a presque touché que l'euro et pour supprimer les déséquilibres, il faut faire attention à ce qu'une région du monde ne porte pas seule le poids des aménagements nécessaires.Vous rencontrez aujourd'hui (lundi 6 octobre) Jean-Claude Trichet, probablement pour la dernière fois en tant que gouverneur de la Banque de France. Attendez vous de sa part comme président de la BCE un rapport plus détendu aux ministres des Finances de la zone euro que jusqu'ici ?Je ne vois aucune relation tendue entre Wim Duisenberg et les ministres des Finances, moi y compris. Nous avons toujours eu une relation amicale, ce qui ne veut pas dire que chacun ne doit pas tenir ses obligations. Et je suis certain que Jean-Claude Trichet veillera à sa mission avec la même indépendance que son prédécesseur. Je lui souhaite une bonne réussite.Vous attendez vous tout de même à des changements dans la politique de la BCE ?La BCE a récemment, sous la présidence de Wim Duisenberg, modifié sa stratégie de politique monétaire. Je ne vois aucun changement supplémentaire.Dans un an, l'accord empêchant la vente des réserves d'or de la part des banques centrales européennes vient à terme. L'ancien président fédéral Roman Herzog (CDU) et sa Commission de réforme de l'Etat-providence propose de vendre alors de l'or pour financer l'allocation personnalisée d'autonomie (l'APA allemande) déficitaire. Une vente des réserves d'or pourrait-elle aussi vous aider à renflouer les budgets sociaux ?Tout d'abord : sur les questions des réserves d'or, la Bundesbank est toujours le seul interlocuteur. Mais laissez moi vous dire que la Commission Herzog est peut-être compétente sur le dossier de l'Etat-providence mais dépasse ses compétences dans le dossier des réserves en devises et ses responsabilités. Elle ne considère pas la situation du marché de l'or. Les ventes d'or qui seraient possibles en la matière - sans provoquer une chute des prix sur le marché de l'or - sont très limitées et ne peuvent être utilisées pour la mesure envisagée par la Commission Herzog.Les réformes du chancelier SchröderLe chancelier Schröder vient de nouveau de menacer de démissionner si sa majorité ne vote pas ses projets de réforme. Il a même évoqué une alternance comme celle de 1982 d'Helmut Schmidt vers Helmut Kohl. Ce gouvernement social-démocrate écologiste va -t-il tenir jusqu'à la fin de la législature en 2006 ?Oui, car il est suffisamment courageux pour mettre en oeuvre les réformes nécessaires dans ce pays.Vous aussi ?Naturellement. Je soutiens complètement la politique de réformes de ce gouvernement.Pourquoi Gerhard Schröder dépeint-il alors ces scénarios catastrophe ?Ce n'est pas une évolution des plus simples en Allemagne. Avec une stagnation économique qui dure depuis trois ans, on se rend bien compte de la correction qui est nécessaire en Allemagne. Un déficit trop élevé et un endettement se creusant trop vite cette année exigent des coupes profondes. Vous ne pouvez éviter de couper dans tous les domaines. C'est dur. Je comprends certes les gens pour qui ce grand nombre de réformes est de trop. Mais ce serait encore beaucoup plus sévère si nous repoussions cela ou si nous ne le faisions pas comme il faut. Il n'y a pas à critiquer que le Parti social-démocrate (SPD) soit du coup agité et le pousse à des limites. Il est juste que le chancelier fasse comprendre où il veut aller. D'ailleurs, à l'étranger tout le monde dit: "Dieu soit loué, l'Allemagne réforme". Si nous ne retrouvons pas le chemin de la croissance, ce n'est pas seulement grave pour l'Allemagne mais aussi pour l'Europe et l'économie mondiale. Le chancelier a voulu faire comprendre que nous devons poursuivre sur cette voie de façon conséquente et que donc chacun dans la majorité, au SPD doit savoir de quoi il s'agit. Chez l'opposition chrétienne-démocrate (CDU), on constate aussi qu'après les différents scrutins régionaux qu'une orientation vers les vraies réformes signifie aussi d'en tirer les conséquences nécessaires pour son électorat. J'espère vivement, que les annonces de la CDU/CSU promettant d'accompagner le processus de réformes en Allemagne sont du sérieux.Avec votre Agenda 2010 de réformes vous allez au mieux stabiliser le niveau des cotisations sociales au niveau record actuel de 42 % du salaire brut, sans même passer en dessous des 40 %... Avec un tel coût du travail est-il encore possible de créer des emplois ?Quand nous sommes arrivés au pouvoir, les charges sociales étaient encore plus élevées. L'Agenda 2010 ne signifie pas seulement une stabilisation de ce niveau de charges mais, comme pour l'assurance-maladie, aussi une baisse significative des cotisations. Mais cela ne fonctionnera que si nous retrouvons la croissance, si plus de gens disposent d'un emploi et donc cotisent. "La récompense" pour ces coupes sévères sera d'autant plus manifeste. Tout le monde pourra en profiter.Mais les charges ne pourront jamais passer en dessous des 40 %...Nous créons les conditions pour qu'il y ait plus de croissance économique et plus d'emplois. Alors les réformes que nous effectuons actuellement dans les budgets sociaux, seront récompensées.En moyenne, les Allemands ne travaillent pas assez en termes d'heures annuelles, se plaint-on généralement. Les Commissions de réforme de l'Etat-providence du gouvernement (Rürup) et de l'opposition (Herzog) proposent de porter l'âge légal de départ en retraite des 65 ans actuels à 67 ans. Est-ce aussi votre approche et votre parti, le SPD, va-t-il entériner cette mesure à son congrès à Bochum le mois prochain ?Le congrès du parti suivra la motion de la direction du SPD prévoyant à long terme une hausse de l'âge de départ en retraite. Toutefois ce n'est pas le problème à court-terme : il faut d'abord rapprocher l'âge effectif de départ en retraite, qui avoisine les 62 ans aujourd'hui, de l'âge légal de 65 ans. Vos réformes, comme le récent compromis sur la santé augmentant les charges pour les assurés, ne vont-elles pas neutraliser l'effet de votre baisse d'impôts de 21,8 milliards d'euros de janvier prochain ?L'effet de la baisse d'impôts ne se mesure pas seulement en argent. Nous voulons faire financer de façon solidaire l'essentiel de l'assurance-maladie et assurer les coûts des maladies les plus graves. Mais nous devons demander aux assurés de prendre en charge sous leur responsabilité les risques les plus petits. Et donc chacun doit plus cotiser. Mais il faut aussi qu'il y ait plus de concurrence dans le système de santé. Les gens savent pertinemment que notre système d'assurances sociales ne peut perdurer en l'état. L'incertitude qui y est liée peut aussi handicaper la croissance. C'est pourquoi nous devons garder ce cap.Les Länder proposent une réforme fiscale plus radicale et plus ambitieuse que la votre. Une simplification du droit fiscal et un taux d'imposition unique pour les entreprises et les ménages de 25 % du revenu sont proposés... Un compromis avec l'opposition est-il possible dans ce dossier ?Cette proposition n'a pas encore été faite. Nous sommes très ouverts à toute simplification possible du droit fiscal. Depuis plus d'un an, j'essaie de réduire les privilèges fiscaux, jusqu'ici contre la résistance acharnée de l'opposition. Avec les récentes propositions des présidents de régions Roland Koch (CDU) et Peer Steinbrück (SPD) sont apparus les premiers signes, selon lesquels peut-être du côté de la CDU des possibilités de réduction des subventions fiscales pourraient s'ouvrir. Mais il est important que nos obligations pour 2004 soient remplies et que nous ne quittions pas le chemin suivi jusqu'ici pour une discussion sur une nouvelle réforme fiscale. Je suis pour que l'on mette d'abord en oeuvre les réformes annoncées avant de débattre de nouvelles.Escomptez-vous toujours une croissance de 0,75 % cette année et de 2 % l'an prochain ?Notre prochaine prévision sera publiée à la fin de ce mois avec la prochaine estimation des recettes fiscales.Depuis trois quatre mois, les indicateurs de conjoncture, comme celui de l'Ifo, annoncent une prochaine embellie. Mais jusqu'ici cet optimisme ne s'est pas concrétisé dans des données tangibles... Quand l'économie allemande va-t-elle sortir de son creux de croissance ?Ce n'est pas tout à fait exact. En juillet, les entrées de commandes et la production dans l'industrie ont progressé de façon significative. Nous ne sommes cependant pas déjà passé du bon côté: il faut attendre les prochaines statistiques de conjoncture et rester prudent. L'attente générale est celle d'une reprise d'ici la fin de cette année et d'un rebond nettement perceptible l'an prochain. Mais il ne s'agit que d'attentes. Avec notre politique, nous faisons tout pour que ces attentes deviennent réalité.Pouvez-vous vous imaginer de taxer à nouveau les gains de cession de participations, de titres boursiers et de terrains, comme le propose la CDU ?Nous l'avions déjà proposé avec notre loi de suppression des avantages fiscaux du printemps dernier qui a été repoussée par la CDU au Bundesrat.La place financière allemandeLe président de la plus grande banque allemande, le président du directoire de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, va devoir supporter prochainement un long procès. L'Allemagne doit-elle craindre pour sa réputation de place financière ?Non. Nous vivons dans un Etat de droit, chacun doit l'accepter. La présomption d'innocence jusqu'à l'énoncé du jugement vaut pour Monsieur Ackermann comme pour tout autre. Pour la place financière, cela ne constitue pas une perte de réputation.Est-il cependant nécessaire d'adapter le cadre juridique pour éviter de telles mises en cause ?Il faut avoir confiance dans les institutions.Que pensez-vous de l'idée d'une autorité européenne de surveillance du secteur financier ?Lors de la précédente législature, nous sommes allés très loin dans l'intégration des autorités allemandes de surveillance de la finance, la création d'une agence financière (Finanzagentur) du gouvernement fédéral et la réforme de la banque centrale allemande, la Bundesbank. La prochaine étape, à l'initiative de Gordon Brown et moi-même, est de renforcer en Europe la coopération des autorités de surveillance du secteur financier. Il est clair qu'un marché financier européen unique nécessite des règles et standards communs de surveillance et une coopération des autorités de contrôle.Les banques allemandes ont vécu une rude année 2002, l'actionnariat est passé de mode, la régulation des places financières allemandes reste très éparpillée. L'Allemagne et Francfort peuvent-elles tenir tête à Londres et Paris comme places financières ?Mon impression est que la crise de confiance sur les marchés boursiers est largement révolue. De plus en plus de gens placent leur argent en Bourse. Nous y avons aidé en renforçant la protection des actionnaires et les autorités de surveillance du marché. Je suis certain que L'Allemagne peut défendre sa position de place financière de façon offensive et l'améliorera. Le nouveau plan d'aide au marché financier aide à ces objectifs.
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