Francis Mer va devoir défendre sa thérapie douce sur le déficit public

Francis Mer aura une soirée difficile, ce lundi. Réuni pour un dîner de l'Eurogroupe, à Luxembourg, avec les ministres de l'Economie et des Finances des onze autres pays membres de la zone euro, il devra affronter l'offensive de ses collègues espagnol et néerlandais qui voudraient que la Recommandation adressée à la France en raison de son dérapage budgétaire de 2002 lui impose pour cette année des exigences sensiblement plus sévères que celles proposées par la Commission européenne. En l'occurrence, Rodrigo Rato et Gerrit Zalm estiment indispensable que Paris soit mis dans l'obligation de procéder à une réduction de son déficit "structurel", c'est à dire corrigé des effets du cycle, équivalente à 0,5% du PIB français à l'instar de ce qui a été demandé à l'Allemagne et que Berlin a accepté sans broncher. La position du revenant néerlandais au poste de ministre des Finances n'est pas faite pour surprendre: l'homme a toujours été, comme son ancien compagnon de combat à l'époque de la négociation du Pacte, l'Allemand Théo Waigel, un tenant radical de l'austérité budgétaire. L'attitude de son collège espagnol suscite davantage d'interrogations et certains observateurs se demandent si Madrid n'envisage pas, le moment venu, une concession en échange d'un assouplissement de leur position. Quoi qu'il en soit, les jeux ne se feront que mardi matin lorsque le Conseil Ecofin, c'est-à-dire l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne et non les seuls pays de la zone euro, seront appelés à se prononcer sur la Recommandation. Celle-ci peut, en effet, être adoptée à la majorité qualifiée et il paraît peu probable qu'une coalition suffisamment large se forme autour des grands argentiers espagnol et néerlandais pour leur donner gain de cause.Au cours du dîner, la confrontation s'annonce cependant rugueuse si les deux ministres insistent et réussissent à rallier un soutien minimal auprès de certains de leurs homologues car, sauf changement de cap, il n'est pas question pour l'hôte de Bercy d'accepter un tel carcan. Francis Mer avait répété, début mai à Bruxelles, que le gouvernement acceptait de se plier à cette discipline à partir de 2004 pour faire évoluer le solde des finances publiques françaises vers la "situation proche de l'équilibre" exigée par le Traité et le Pacte de Stabilité, mais que, pour 2003, la France s'efforcerait seulement de faire au mieux. Francis Mer rappellera certainement que le gouvernement français a pris de lui-même des décisions en début d'année avec le gel d'environ 1,4 milliard de dépenses de l'Etat qui correspondent déjà bon an mal an à une réduction du déficit 2003 de 0,1%. C'est d'ailleurs la teneur de l'injonction que le commissaire Pedro Solbes préconise d'adresser à Paris. Le texte proposé appelle simplement la France à diminuer son déficit public "dans une mesure supérieure à ses projets actuels". C'est vraisemblablement ce texte qui sera retenu et qui donnera à Paris jusqu'au 3 octobre pour présenter un plan de bataille anti-déficit excessif à ses partenaires.
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