L'étau du taux

Alain Lambert voudrait bien, mais Jean-Pierre Raffarin ne veut pas en entendre parler. Au sein du gouvernement, la question de la baisse du taux du livret A tourne décidément à la cacophonie. Régulièrement, Bercy revient à la charge, expliquant qu'il n'y a pas de sens à maintenir un taux de rémunération de 3% alors que le taux directeur de la BCE a été ramené à 2,5% et que l'inflation navigue elle aussi nettement sous le seuil des 3%. Tout aussi régulièrement, Matignon rappelle qu'une baisse de la rémunération du livret A n'est pas d'actualité. L'argument n'a rien de technique. Politiquement, le coût à payer risque d'être très lourd et il n'est pas question de heurter les catégories les plus modestes de la population, premières victimes de la morosité actuelle de l'économie et des plans sociaux. Pourtant, une solution existe. Préconisée dans un rapport remis à Francis Mer en début d'année par Christian Noyer, elle consiste à fixer une fois pour toute une formule de calcul du taux du livret A qui s'ajusterait ainsi automatiquement en fonction des taux de la BCE et de l'inflation. Cette solution aurait pour avantage considérable de dépolitiser la question du taux du livret A. Seulement voilà, la perspective de dépolitiser ce sujet est elle-même devenue une question éminemment politique et il est donc jugé plus prudent de la remettre à plus tard. Le gouvernement actuel est loin d'être le seul responsable. Les prédécesseurs de Francis Mer ont eux aussi tergiversé et retardé autant que possible les décisions douloureuses. Conséquence: la gestion des fonds placés sur le livret A est peu rémunératrice, réduisant d'autant les mannes disponibles pour financer le logement social, finalité du Livret A. Mais le sujet n'est pas à un paradoxe près... Faute d'un Premier ministre acceptant de payer le coût politique d'une baisse des taux, il ne reste maintenant plus qu'à attendre une hausse des taux d'intérêts pour que l'on décide enfin en haut lieu de basculer vers une fixation automatique du taux du Livret A. A moins que le Premier ministre qui sera en place à ce moment-là refuse de se priver d'annoncer aux Français la bonne nouvelle d'une hausse des taux du sacro-saint livret...
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