Raffarin privilégie la croissance sur la réduction du déficit

La visite de Jean-Pierre Raffarin a Bruxelles n'aura sans doute pas rassuré les commissaires européens, inquiets des libertés que la France prend avec les contraintes du Pacte de stabilité: la priorité, a clairement affirmé le Premier ministre français, est au rétablissement de la croissance, la réduction du déficit budgétaire ne venant qu'ensuite. Et si le retour à un déficit conforme aux engagements pris à Maastricht, c'est-à-dire inférieur à 3% du PIB, est toujours prévu, ce n'est pas pour demain...Jean-Pierre Raffarin, qui était venu discuter avec les commissaires européens de nombreux problèmes d'actualité, allant des dégâts causés par la sécheresse et les incendies jusqu'aux aides publiques accordées à Alstom (lire ci-contre), avait fort à faire pour convaincre ses interlocuteurs de la bonne volonté de la France en matière budgétaire. Les autorités bruxelloises sont en effet préoccupées par la dérive des finances publiques françaises: le déficit budgétaire a atteint 3,1 % du PIB en 2002, menace d'approcher les 4 % en 2003 et risque d'être encore au-delà des 3 % en 2004.Bien sûr, le Premier ministre a réaffirmé que la France était "attachée" au Pacte de stabilité, et a renouvelé l'engagement du pays de réduire son déficit structurel en 2004. Quant à l'objectif de ramener le déficit budgétaire en dessous du plafond de 3% du PIB prévu par le Pacte de stabilité, il a affirmé qu'il serait "inscrit dans l'Agenda 2006", le programme de réformes du gouvernement français pour les trois ans à venir. Pour le Premier ministre, en fait, il est clair que l'urgence n'est pas là: elle est de "tout faire pour ramener la croissance en 2004" dans le pays. "Mon devoir numéro un, a-t-il lancé, c'est de mobiliser toutes les forces du pays pour ramener la croissance et l'emploi. J'assumerai mes responsabilités. Je vais tout faire pour ramener la croissance et l'emploi en 2004". Autant dire que les priorités ne sont pas les mêmes à Bruxelles et à Paris. Car Romano Prodi, le président de la Commission européenne, a choisi, lui, de réaffirmer lors de la même conférence de presse que les Européens n'ont "pas d'autre choix que d'appliquer les règles du traité, nous le ferons avec la plus grande souplesse possible", mais la "souplesse doit se jouer dans les deux camps", a-t-il dit. Reste à savoir si Jean-Pierre Raffarin aura réussi à amadouer ses interlocuteurs en faisant valoir les efforts de réformes structurelles engagés par le gouvernement comme, au printemps dernier, en matière de retraites. Le Premier ministre entend poursuivre dans cette voie en s'attaquant au fonctionnement de l'Etat et à la Sécurité sociale. Mais il y a gros à parier qu'il aura eu du mal à impressionner les commissaires européens.Confronté à des interlocuteurs sceptiques, il aura au moins pu faire valoir que la France n'est pas le seul pays à enfreindre durablement les règles du Pacte de stabilité. On a en effet appris aujourd'hui que l'Allemagne s'apprête à annoncer officiellement à l'Union européenne que son déficit budgétaire atteindra 3,8% du PIB cette année. Pire, selon Reuters, un projet de rapport du Fonds monétaire international estime que le déficit budgétaire de l'Allemagne atteindra 3,9% du PIB en 2003 et aussi en 2004.
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