Jacques Chirac veut renforcer les services d'urgence

Vivement critiqué depuis quinze jours pour son silence dans la crise sanitaire suscitée par la canicule, le président de la République Jacques Chirac a engagé ce matin la contre-offensive. A l'issue d'un conseil des ministres de crise, consacré essentiellement à cette question, le président a affirmé que "tout sera fait pour remédier aux insuffisances que nous avons constatées dans notre organisation sanitaire".Proclamant sa "profonde solidarité" avec les familles des victimes, le chef de l'Etat a déclaré que "les drames humains qu'ont vécus les Français sont une épreuve que partage naturellement toute la Nation". S'exprimant dans le cadre d'une allocution radio-télévisée, Jacques Chirac a adressé sa "profonde solidarité et celle de la Nation" aux familles et aux proches des victimes de la canicule, qui sont en "nombre important". Il a aussi rendu "hommage à toutes celles et à tous ceux, professionnels et bénévoles, qui se sont mobilisés, dans cette période si difficile, en particulier dans les services d'urgence, dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, dans les grandes associations et en particulier à la Croix-Rouge" et leur a exprimé "la reconnaissance des Français et de la France". Plus concrètement, le président a demandé au gouvernement que "toutes les causes des drames" liés à la canicule "soient analysées en profondeur dans la plus totale transparence" et que "toutes les conséquences" en soient "tirées afin de prévenir le retour de telles situations". Selon les estimations réalisées par les Pompes funèbres générales, le nombre des décès liés à la canicule pourrait s'élever à 10.400 pour les trois premières semaines d'août. Un chiffre supérieur aux estimations des pouvoirs publics. Ce matin, le ministère de l'Intérieur a d'ailleurs affirmé que "en l'état actuel des données que nous avons recueillies, le nombre de morts est inférieur à 10.000".Quelle que soit l'ampleur exacte du désastre sanitaire, Jacques Chirac a affirmé que des moyens supplémentaires allaient être mis en place pour permettre aux services de secours et d'urgences de faire face à de telles situations exceptionnelles. "Pour éviter de tels drames à l'avenir, notre système de prévention, de vigilance et d'alerte sera revu afin d'assurer une plus grande efficacité", a-t-il déclaré, ajoutant que les services de secours "recevront les moyens de faire face à tout moment à des besoins temporaires exceptionnels". Le gouvernement devra donc formuler des propositions en la matière, et cela "dès le mois d'octobre".Le président de la République tente ainsi de reprendre la main dans un dossier que l'opposition exploite depuis deux semaines à son avantage. Il devenait d'autant plus urgent de réagir que les critiques contre l'action des pouvoirs publics semblent trouver quelque crédit dans l'opinion. Selon un sondage publié ce matin par Le Parisien, si 44% des Français considèrent que la fatalité est la première cause de la surmortalité observée depuis le début du mois, ils sont aussi 51% à penser que le gouvernement n'a pas été à la hauteur dans la gestion de la crise.L'opposition n'a donc naturellement pas tardé à critiquer l'intervention du chef de l'Etat. Pour Marie-George Buffet, secrétaire national du PCF, Jacques Chirac "n'a pas pris la dimension de la catastrophe" qu'a connu notre pays. Une nouvelle fois, elle a demandé une réunion en urgence du Parlement afin que les élus "soient informés et puissent prendre des décisions". De son côté, Marie-Hélène Aubert, porte-parole des Verts, a considéré qu'elle "attendait mieux" du président de la République. "Les Verts attendaient notamment une prise de conscience de l'inadaptation du système de santé actuel à deux problèmes auxquels est confrontée notre société: les conséquences du réchauffement climatique et l'augmentation très importante des personnes âgées", a-t-elle résumé.Enfin, François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, a estimé que l'intervention de Jacques Chirac arrivait "bien tard". "Son silence était jusque là incompréhensible", a souligné le député-maire de Tulle, ajoutant que c'était d'ailleurs "l'inertie, le retard et la sous-estimation des risques" qui avaient caractérisé la conduite gouvernementale durant la crise. Pour finir, François Hollande a considéré que Jacques Chirac a "finalement découvert les effets de la politique de son propre gouvernement depuis quinze mois", notamment par "la réduction des lits hospitaliers", "la remise en cause de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA)" et celle du "plan gériatrique du gouvernement précédent". Il a enfin exigé une "vraie commission d'enquête parlementaire" pour connaître les vraies causes du drame.L'intervention du chef de l'Etat n'est cependant pas un "mea culpa" du gouvernement, d'après le porte-parole de ce dernier, Jean-François Copé. Il a ajouté que la démission des ministres n'a été "en aucun cas évoquée" lors du conseil des ministres. Selon lui, le gouvernement a réagi correctement dès qu'il a été informé de la situation. "L'heure est aujourd'hui à la fois à la solidarité, à la compassion et en même temps à l'action", a conclu le maire de Meaux.
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