Le Japon confirme sa reprise

Le Japon dans les pas des Etats-Unis. Même si le rebond est moins spectaculaire, l'économie du Soleil levant a confirmé au troisième trimestre son rebond. Entre juillet et septembre, le PIB japonais a ainsi progressé de 0,6% par rapport au deuxième trimestre. En rythme annualisé, la hausse est de 2,2%. On est certes bien loin des chiffres impressionnants de la Chine (+9,1%) ou des Etats-Unis (+7,2%), mais il n'en reste pas moins que cette croissance est deux fois plus importante que ce qu'attendaient les analystes. Le consensus Reuters se situait ainsi à +0,3%. En fait, après la hausse de 0,9% au deuxième trimestre, le Japon consolide progressivement sa reprise. Le scénario est toujours le même : ce sont les exportations qui amènent le carburant nécessaire au reste de l'économie. Ainsi, sur le troisième trimestre, les exportations ont contribué, grâce à la vigueur de la demande chinoise et américaine, à 0,2 point de croissance. Et, évidemment, cette demande externe relance les dépenses d'investissement des entreprises. Ces dernières ont ainsi progressé de 2,8% sur le trimestre, pour le cinquième trimestre consécutif. La croissance japonaise est donc "importée". Mais, compte tenu de la situation de l'économie nipponne voici encore un an, nul ne s'en plaindra. D'autant que le moteur de la croissance, les exportations, ne semble pas vouloir se calmer. En octobre, selon les chiffres publiés ce vendredi, les exportations ont progressé sur un mois de 4,1%, notamment en raison de la demande asiatique. Car l'élément nouveau de ce scénario de reprise japonaise est bien évidemment le rôle de la Chine. En septembre, les exportations vers la Chine ont progressé de 42% sur un an. Dans son processus de développement à marche forcée, l'empire du Milieu a en effet besoin de produits de haute technologie nippone (téléphone, vidéo, etc.), mais aussi d'automobiles japonaises. La République Populaire a donc joué un rôle essentiel dans le rebond japonais. Reste que tout n'est pas rose dans l'Archipel. La consommation des ménages est en effet désespérément stable. Le mauvais temps qui a gâché l'été nippon y est peut-être pour beaucoup, mais il ne s'agit pas de l'explication centrale. Car le scénario de croissance du Japon délaisse pour le moment les ménages. Il profite surtout aux entreprises. Ces dernières, cependant, préfèrent utiliser leurs liquidités dans les dépenses d'investissement plutôt que dans les salaires et les embauches. Comme le note Sophie Mametz, économiste chez CDC-Ixis, non seulement le salaire par tête a reculé sur le trimestre de 2%, mais la "main d'oeuvre des entreprises est toujours excédentaire". Difficile dans ces conditions d'attendre une reprise de la consommation. Or cette dernière compte pour 55% du PIB japonais. On comprend donc à la fois l'écart de croissance avec les Etats-Unis et l'épée de Damoclès qui demeure au-dessus de la reprise nipponne. Car sans reprise à terme de cette consommation, ce rebond n'aura été qu'un feu de paille. Dans l'immédiat, ces données ont donné un coup de fouet au yen qui, dans la nuit, a atteint un plus haut de trois mois face au dollar, à 107,85 yens. Cette appréciation du yen inquiète d'ailleurs les marchés qui y voient à la fois le corollaire de la croissance retrouvée et un danger pour les exportations japonaises et donc pour tout le processus de reprise. Du coup, le Kabuto-Chô a pris peur malgré ces bons chiffres: le Nikkei a reculé de 1,7% à 10.167,06 points vendredi.
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