Bond spectaculaire de la croissance américaine

La croissance est de retour aux Etats-Unis. Et elle est vigoureuse. Lors de la deuxième estimation réalisée pour le deuxième trimestre 2003, le Bureau d'analyse économique a annoncé que le PIB américain avait crû à un rythme annualisé de 3,1%. Au premier trimestre, la croissance avait été de 1,4%. La première estimation n'avait évalué le rythme de croissance du PIB qu'à 2,4%. Ce nouveau chiffre est supérieur aux attentes des économistes puisque le consensus réalisé par Bloomberg auprès de 69 d'entre eux ne prévoyait qu'une hausse annualisée de 2,9%. L'économie américaine est donc repartie. Il est vrai que tous les clignotants semblent désormais au vert. "Etant donné la guerre et l'état d'esprit des gens au cours du trimestre, tout est extraordinaire dans ce chiffre", s'enthousiasme ainsi James Glassman, économiste chez JP Morgan interrogé par Bloomberg. La plus belle progression revient à l'investissement qui connaît un rebond d'importance. Ainsi, l'investissement non résidentiel progresse sur le trimestre de 8% après une baisse de 4,4% au premier trimestre. Ce niveau de croissance des investissements ne s'était jamais vu depuis trois ans. Mais l'élément déterminant de cette révision demeure la consommation privée. On craignait en effet un affaiblissement de cette dernière du fait des difficultés du marché de l'emploi. En fait, on assiste à un véritable rebond : +3,8% sur le trimestre après +2% au premier trimestre. Ce rebond s'explique en fait par le niveau bas des taux d'intérêt au cours du trimestre et par les baisses d'impôts. Ces baisses ont en effet atteint 14 milliards de dollars cette année. Autant d'éléments qui ont favorisé les dépenses lourdes: la consommation de biens durables a ainsi progressé de 24,1% sur trois mois. Le taux le plus élevé depuis fin 2001.Autre facteur favorable: les dépenses fédérales ou, plutôt, les dépenses militaires de l'Etat américain. La guerre en Irak, puis l'occupation du pays, leur ont en effet donné un coup de fouet: +45,9% sur trois mois. Du jamais vu depuis... le troisième trimestre 1951. De quoi compenser les réductions des dépenses non militaires (-5,4%) et des dépenses des Etats fédérés (-0,7%). Seuls facteurs négatifs: les stocks et le commerce extérieur. La reprise américaine s'est en effet effectuée principalement grâce aux importations, qui progressent de 7,9%. A l'inverse, la faible demande mondiale à fait reculer les exportations de 1,2%. Ce chiffre promet un troisième trimestre rayonnant pour l'économie américaine. Les dernières statistiques montrent que l'investissement ne s'essouffle pas. Comme le montre les ventes au détail très vigoureuses de juillet (+1,4%), la consommation devrait bien résister, malgré les tensions sur les taux longs, grâce à la poursuite de la réduction des taxes fédérales. Quant au commerce extérieur, la stabilisation du déficit constaté ces derniers mois devrait permettre une contribution moins négative à la croissance. Enfin, comme le note Paul Ferley, économiste à la banque de Toronto joint par Reuters, "l'indicateur induit une reconstitution des stocks au second semestre". Un effet de re-stockage qui pourrait évidemment avoir un effet très favorable sur la croissance. Mais, dans la durée, l'économie américaine pourra-t-elle poursuivre sa croissance à un tel rythme ? James Glassman y croit, avec le même enthousiasme. " Une telle croissance n'était pas visible à l'époque. Cela veut dire "Attachez vos ceintures, l'économie va prendre son envol", s'emporte-t-il. Mais ce scénario optimiste pourrait être déjoué et la croissance être moins vive. La consommation risque en effet, sans amélioration du marché de l'emploi, de montrer quelques signes d'affaiblissement (lire ci-contre).
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