L'Allemagne ou la reprise lente

Avant même la publication par le gouvernement Schröder de ses dernières prévisions de croissance pour l'année en cours et pour l'exercice à venir, les six principaux instituts allemands de conjoncture donnent une première image de l'état de santé de la première économie de la zone euro. Dans leur rapport bi-annuel, les experts consultés soulignent que cette année le produit intérieur brut (PIB) va stagner. Ils misent ainsi sur une croissance zéro pour 2003, alors qu'ils prévoyaient encore 0,5% au printemps. Ce diagnostic a été corroboré plus tard par le ministre des finances. Hans Eichel a lui aussi admis que l'Allemagne devrait afficher une croissance nulle cette année, alors que les dernières prévisions officielles du gouvernement évoquaient un chiffre de 0,75%.Pour ce qui est de l'exercice à venir, les instituts de conjoncture douchent les espoirs de reprise vigoureuse. S'ils estiment que "depuis le milieu de l'année, il y a des signes d'une amélioration" de l'activité outre-Rhin, ils jugent également qu'en "aucun cas on ne peut parler d'un boom économique" l'an prochain. Dans ce contexte, ils pronostiquent une progression du PIB de 1,7% en 2004.Les moteurs de la reprise seront, selon les experts, tout d'abord la consommation. "Au premier semestre 2004, l'évolution économique va s'accélérer grâce à une forte demande intérieure", indiquent-ils. Celle-ci devrait être soutenue par la mise en oeuvre du plan de baisse d'impôts décidé par le gouvernement Schröder. A compter du 1er janvier 2004, les Allemands bénéficieront d'une baisse d'impôt sur le revenu de l'ordre de 17 milliards d'euros. Le rebond de la consommation devrait s'accompagner d'une hausse de l'investissement, celui-ci repartirait dans le sillage des meilleures perspectives de ventes pour les entreprises. Au second semestre, la demande extérieure devrait prendre le relais, considèrent les instituts de conjoncture. Une hypothèse sur laquelle pèse tout de même le risque d'une appréciation trop forte de l'euro.Cependant, cette reprise annoncée ne sera pas suffisante pour permettre une réduction du chômage. Le nombre de demandeurs d'emplois, en données brutes, devrait même croître encore un peu en 2004 pour atteindre les 4,45 millions de personnes à la fin de l'année prochaine contre 4,4 millions attendus cette année. Enfin pour ce qui concerne les déficits publics, les experts doutent de la capacité de Berlin de ramener les finances allemandes dans les limites fixées par le Pacte de stabilité. Selon eux, l'Allemagne devrait afficher un déficit de 4% du PIB cette année, soit en valeur absolue entre entre 85 et 90 milliards d'euros, un record depuis 1975. Selon la presse, Berlin pourrait même annoncer jeudi un déficit de 4,3% du PIB, nettement supérieur au 3% fixé par le pacte de stabilité européen.
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