Le pari de Schröder

Après la santé et l'emploi, Gerhard Schröder a fait approuver le troisième volet de son agenda 2010 : la réforme des retraites. A l'échelle française, la potion est particulièrement amère. Les pensions perçues par quelque 20 millions d'Allemands sont gelées. A partir du mois d'avril prochain, toutes subiront un prélèvement de la totalité de l'assurance dépendance (1,7%) contre la moitié seulement aujourd'hui. En outre, l'Etat fédéral allemand réduira d'un milliard d'euros sa contribution au système des retraites l'an prochain.Le montant des retraites va ainsi diminuer pour la première fois de l'histoire de la République fédérale d'Allemagne. Ce sacrifice permettra de maintenir les cotisations actuelles à leur niveau actuel de 19,5% du salaire brut. Un gage donné aux entreprises allemandes tout comme à la Commission de Bruxelles, sensible à l'effort de redressement des finances publiques.Pour faire bonne mesure, l'âge de la retraite sera relevé de 60 à 63 ans d'ici 2008, avant d'être éventuellement porté à 67 ans en 2010. Maigre lot de consolation : quelques dispositions fiscales favorables à l'investissement dans des fonds de pension. On comprend mieux la déclaration de Gerhard Schröder résumant sa réforme des retraites : "C'est l'une des plus douloureuses décisions que mon gouvernement ait eu à prendre."Sera-t-elle payée de retour ? Ce n'est pas sûr et c'est bien pourquoi l'agenda 2010 de Gerhard Schröder est bel et bien un pari. Un, la croissance allemande - inexistante cette année - demeure largement dépendante des exportations, donc de la parité de l'euro vis à vis des grandes monnaies internationales ; de ce point de vue, l'évolution des derniers mois n'est clairement pas encourageante. Deux, la compétitivité prix de l'Allemagne sera d'autant mieux préservée que les revendications salariales seront raisonnables, or les syndicats ne paraissent pas disposés à faire de cadeaux au Chancelier. Trois, la réforme sera difficile à vendre politiquement ; la menace immédiate ne vient pas de la rue, comme en France, mais de la chambre haute, le Bundesrat, où les régions ont la parole et Gerhard Schröder n'a pas de majorité.Parler au nom de Berlin, c'est bien. Voir les réformes y réussir, c'est encore mieux. Car la France, qui a ouvert les mêmes chantiers et se promet d'aboutir plus vite encore, ne pourra réussir sans le succès de son voisin allemand.
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