L'économie américaine sur les chapeaux de roue

La croissance américaine pour le troisième trimestre a dépassé tous les pronostics. Alors que le marché tablait en moyenne sur une progression du produit intérieur brut de 6%, la hausse est finalement de 7,2% en rythme annuel. La première économie mondiale n'avait pas signé une telle performance depuis 1984. Certes, il ne s'agit que d'une première estimation - deux révisions interviendront d'ici la fin de l'année - mais ces chiffres illustrent tout de même la vigueur de la reprise en cours aux Etats-Unis. Le gouvernement Bush s'est empressé de tirer profit de ces résultats, y voyant les effets bénéfiques de la politique menée par l'administration actuelle. Ces statistiques sont d'autant plus intéressantes qu'elles montrent que la croissance enregistrée au troisième trimestre repose sur plusieurs éléments. Tout d'abord, et cela devient un leitmotiv, la consommation des ménages. Celle-ci a progressé de 6,6% au troisième trimestre, après 3,8% au deuxième trimestre et 2% au premier. Cette accélération des dépenses doit sans doute beaucoup aux baisses d'impôts décidées par l'administration Bush et à la poursuite de la politique accommodante de la Réserve fédérale. Pour ce qui est de la demande publique, qui avait joué un rôle essentiel au trimestre précédent, elle n'a progressé que de 1,4%, les dépenses militaires étant stables après un bond de plus de 45% à l'heure de la guerre en Irak. La baisse du dollar porte ses fruitsMais la consommation n'est plus le seul pilier de la croissance américaine. Comme les chiffres du deuxième trimestre l'avaient montré, les entreprises reprennent progressivement le chemin de l'investissement. Celui-ci a augmenté de 11,1% au troisième trimestre, après 7,3% au deuxième, avec une hausse particulièrement significative des investissements en biens d'équipement et logiciels informatiques. Les ménages ne sont pas en reste: l'investissement résidentiel a enregistré une envolée de 20,4%, la plus forte hausse depuis le premier trimestre 96.Sur le front du commerce extérieur, l'affaiblissement du dollar commence à porter ses fruits. On peut même parler de retournement de tendance: les exportations ont augmenté de 9,3% après trois trimestres consécutifs de baisse. Quant aux importations, le rythme de leur progression se ralentit à 0,1% contre 8,8% lors du trimestre précédent. Résultat, le commerce extérieur a eu lors du troisième trimestre une contribution positive de 0,84 point. Seul ombre au tableau: les stocks qui accusent une contribution négative de 0,67 point. Mais ce point noir n'est que relatif: la bonne tenue de la demande devrait à terme pousser les entreprises à augmenter leur production et à reconstituer leurs stocks. Garder le cap de la croissance forteReste maintenant à déterminer quel profil va adopter la croissance américaine dans les mois à venir. La première économie mondiale ne pourra pas soutenir ce rythme à long terme. Certains ressorts, qui ont permis de doper la croissance lors du trimestre écoulé, ne joueront plus. C'est le cas notamment des cadeaux fiscaux. Le déficit budgétaire américain atteint de tels niveaux que l'administration Bush ne pourra s'autoriser de nouvelles largesses. Par ailleurs, avec la hausse probable des taux d'intérêt en cours d'année prochaine, le boom du refinancement des emprunts immobiliers devrait très largement s'atténuer. Le cap de la croissance forte ne pourra être conservé que si les entreprises américaines reviennent sur le marché de l'emploi et embauchent. Les chiffres publiés à cet égard cet après-midi sont encourageants bien que modestes: les demandes hebdomadaires d'allocations chômage se sont inscrites en baisse, -5.000 à 386.000. Plus représentative de la tendance sur le marché de l'emploi, la moyenne mobile sur quatre semaines a reculé de 4750 à 388 750, au plus bas depuis février. L'économie américaine a perdu plus de 2,7 millions d'emplois depuis 2001, face aux chocs successifs de la récession, des attentats du 11 septembre 2001 et de la guerre en Irak. Or c'est sur cette question de l'emploi que pourrait être jugée l'administration Bush au moment des élections...
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