L'OMC prépare dans la douleur la conférence de Cancun

La réunion du conseil général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a finalement accouché d'un projet de déclaration pour la conférence de Cancun (Mexique) qui se tiendra du 10 au 14 septembre. Le moins que l'on puisse dire est que les négociations ont été particulièrement difficiles. Le conseil général a eu besoin de tout le week-end pour aboutir à un texte de 21 pages visant à conclure les négociations ouvertes à Doha en 2001.Le texte publié fait ainsi le tour des principaux points en suspens dans les négociations actuelles: subventions agricoles, accès des pays en développement aux médicaments génériques, ouverture des marchés aux produits industriels. Sur l'agriculture, le texte reprend grosso modo le détail du plan commun aux Etats-Unis et à l'Union européenne présenté le 13 août dernier (lire ci-contre). Ce projet prévoit de réduire les aides à l'agriculture. Le projet de l'OMC accentue cependant les dispositions en faveur de la protection des pays en développement. Il prévoit notamment l'élimination des subventions à l'exportation dans les pays riches pour les produits "présentant un intérêt particulier pour les pays en développement". Le texte devra désormais obtenir la signature des représentants de chacun des 146 pays membres lors de la conférence de Cancun. Les difficultés de la négociation de ce week-end ont donné un léger aperçu de ce que devrait être cette conférence. D'ores et déjà, plusieurs ministres africains ont fait part de leur scepticisme à son sujet. Ainsi, hier, Wisemaun Nkuhlu, le conseiller du président sud-africain pour les questions économiques, a déclaré à Reuters qu'il ne voyait "aucun signe de la part des pays développés pour réduire les subventions qui jouent négativement sur les exportations africaines". De son côté, le ministre zambien du Commerce et de l'Industrie, Dipak Patel, s'est montré particulièrement pessimiste. "Je vais à Cancun, mais pour être honnête, je ne pense pas qu'il s'y passera grand chose. Nous ne pensons pas qu'il puisse y avoir un accord sur les sujets qui touchent l'Afrique", a-t-il ainsi affirmé. La conférence pourrait donc être le théâtre d'une opposition entre Nord et Sud et aboutir à un accord sera sans doute très difficile. Reste que, malgré ses réticences, l'Afrique pourrait pourtant signer l'accord. Ainsi pour le ministre du Commerce tanzanien Juma Ngasongwa, refuser de signer un accord à Cancun présenterait un vrai danger pour le continent. Du coup, il estime que les pays africains seront sans doute "contraints de prendre des décisions qui auront un impact négatif sur eux-mêmes".Plus étonnant, le Japon a pris rapidement position contre ce projet révisé de déclaration. "Notre point de vue exposé par écrit n'est pas pris en compte", s'est ainsi indigné le ministre nippon de l'Agriculture, Yoshiyuki Kamei. La colère japonaise porte sur le riz. L'Empire du Soleil Levant impose en effet une taxe de 490% au riz importé afin de protéger les producteurs locaux. Or, le projet de l'OMC prévoit la réduction de ces droits à l'importation. Du coup, Yoshiyuki Kamei promet que le Japon va "continuer de demander la révision du projet".
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