Paris et Berlin au chevet de la croissance

A la traîne de la reprise mondiale, l'Europe est à la recherche d'un nouveau souffle. L'Allemagne et la France, les deux premières économies de la zone euro, ont choisi de parler d'une même voix aujourd'hui à Berlin pour proposer une liste de dix "projets" d'investissements. Le but de cette initiative est de soutenir la croissance - qui selon le Fonds monétaire international devrait être de 0,5% cette année et de 1,9% l'an prochain - et l'emploi. Toujours selon le FMI, le taux de chômage dans la zone euro pourrait s'établir à 9,1% en 2003.A côté des traditionnels projets d'infrastructures et de transports (jonction entre les réseaux ferrés à grande vitesse français - TGV - et allemand - ICE -, programme Galiléo), l'initiative franco-allemande se caractérise aussi par la volonté affichée par les deux pays de donner un coup d'arrêt à la désindustrialisation et aux délocalisations observées des deux côtés du Rhin. Ces phénomènes ne touchent plus seulement des secteurs fortement consommateurs de main d'oeuvre (textile), les services sont aussi affectés. C'est le cas par exemple des services financiers comme l'a récemment montré une étude de Deloitte Consulting (lire ci-contre). C'est dans cette optique qu'il faut comprendre l'accent mis par le couple franco-allemand sur des projets liés aux hautes technologies (développement de la numérisation des réseaux terrestres de télédiffusion de la radio et de la télévision, généralisation des réseaux numériques à large bande), à la recherche et au développement (Internet de troisième génération et son application dans les instituts de recherche, développement des semi-conducteurs en particulier par les petites et moyennes entreprises) ou au développement durable (utilisation de l'énergie éolienne, carburants et technologies de propulsion alternatifs, projets communs de protection de l'environnement dans les pays de transition et en voie de développement...). Ces propositions "pourront être enrichies ultérieurement par d'autres projets", souligne la déclaration finale de ce sommet. La question du financement de ces projets n'est pas évoquée, mais le montant de 3 milliards d'euros a été cité dans la presse. Le dossier est sensible: les finances publiques de la France et de l'Allemagne ont largement dérapé. En 2003 comme en 2004, ces deux pays afficheront des déficits publics supérieurs à 3% du PIB. Dans ces conditions, il leur est difficile d'évoquer des financements nationaux. En fait, comme l'indiquait La Tribune ce matin (lire ci-contre), Paris et Berlin chercheraient des financements via des partenariats publics-privés, la Banque européenne d'investissement (BEI), ou encore des financements communautaires pour l'innovation ou la R&D. La France et l'Allemagne se disent en outre "disposées à poursuivre, avec leurs partenaires, le travail de coopération engagé pour préparer les prochaines étapes de négociations consacrées à cette initiative". La proposition franco-allemande se veut notamment une contribution au programme déjà formulé par l'Italie, qui prévoyait un plan d'investissements de 50 milliards d'euros par an jusqu'en 2010 dans des grands chantiers de transports européens et des projets de recherche.
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