La BCE dénonce une nouvelle fois le dérapage des déficits publics

La réunion de rentrée de la Banque centrale européenne (BCE) n'a réservé aucune surprise aux milieux économiques. Conformément aux attentes des marchés, les gardiens de l'euro ont décidé de laisser inchangé le taux d'intérêt directeur de la zone euro à 2%, niveau qui est le sien depuis le 5 juin dernier. En l'absence de Wim Duisenberg, en déplacement au Canada, c'est Lucas Papademos, le vice-président de la BCE, qui s'est chargé d'expliquer les raisons de ce statu quo. Sur le plan économique, l'institut francfortois ne voit pas de raison de se précipiter et d'assouplir à nouveau le loyer de l'argent. Même s'ils n'ont pas disparu, "les risques pesant sur le scénario de reprise ont décliné", a ainsi souligné Lucas Papademos. A cet égard, la BCE continue de tabler sur "un début de reprise dans la zone euro au deuxième semestre". Pour l'ensemble de l'exercice en cours, les prévisions de croissance de la BCE font état d'une hausse un peu inférieure à 0,7% du produit intérieur brut (PIB), cette projection reste malgré tout supérieure à celle fournie hier par l'OCDE (0,5%).Au cas où la croissance ne serait pas au rendez-vous, les gardiens de l'euro disposeraient de munitions leur permettant d'appuyer ultérieurement sur la détente monétaire. En effet, l'inflation, qui devrait tourner autour de 2% jusqu'à la fin de l'année, pourrait se replier "sous les 2% en 2004" estime Lucas Papademos, c'est à dire en deçà du seuil maximum autorisé par la BCE. Si l'assagissement des prix permet d'envisager un relâchement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne, à l'inverse l'aggravation des déficits publics dans certains pays pourrait pousser l'institut de Francfort à rester l'arme au pied. Comme Wim Duisenberg à plusieurs reprises par le passé, Lucas Papademos a rappelé que le dérapage des déficits publics constitue "un important facteur de risque" pour la croissance de la zone euro. Et d'ajouter que la BCE prenait en compte cette évolution dans sa politique monétaire.Ces propos sans ambiguité sonnent comme une mise en garde en direction de Paris et Berlin dont les déficits publics sont largement sortis des clous du Pacte de stabilité en 2003 et devraient rester supérieurs à 3% du PIB une nouvelle fois en 2004. Pour la BCE, les gouvernements de la zone euro doivent réduire leur déficit structurel avant d'espérer un coup de pouce monétaire. En France, Jean-Pierre Raffarin et Jacques Chirac ont d'ores et déjà décidé de faire la sourde oreille: hier le Premier ministre français annonçait une baisse de 3% de l'impôt sur le revenu l'an prochain (lire ci-contre) au risque de creuser encore les déficits publics.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.