Un groupe suédois renonce in extremis à la Bourse

Renoncer à la Bourse, plusieurs entreprises l'ont déjà fait. Mais en décider une heure seulement avant la première cotation est un phénomène plus rare. C'est pourtant ce que vient de faire la fabricant suédois de matériel de réfrigération Dometic. Le groupe, actuellement contrôlé par le fonds EQT, espérait lever de 400 à 500 millions de dollars sur le marché. Mais il a brusquement décidé de faire machine arrière en raison du manque d'intérêt des investisseurs. Bien que l'offre ait été couverte, "la demande des investisseurs à l'introduction n'a pas été jugée suffisante pour assurer un succès du titre sur le marché après l'introduction", explique la société dans un communiqué. Un banquier joint par Reuters avait pour sa part affirmé qu'à la clôture du livre d'ordres (lundi soir), l'offre n'était souscrite qu'à 75%, bien loin des taux de sur-souscription de 30 à 40 fois connus par le passé par d'autres candidats.Pour Dometic, il n'est donc plus question de faire appel au marché. "Dometic continue de réaliser de bons résultats et a d'excellentes perspectives et EQT Northern Europe est déterminé à participer au développement futur de Dometic en tant qu'actionnaire principal", poursuit le communiqué.Alors que l'opération devait redonner un coup de fouet au marché scandinave des introductions, inactif depuis 18 mois, ce revers montre en tout cas que les investisseurs restent frileux face aux projets d'entrée en Bourse. La Scandinavie n'est pas une exception. L'ensemble du continent européen connaît la même situation, souffrant d'un problème de demande mais aussi d'offre. A Paris, par exemple, outre quelques traditionnels transferts et l'arrivée sur le marché de Kesa (issu d'une scission), il faut remonter au printemps 2002 pour trouver les dernières introductions en Bourse sur un marché réglementé."Les entreprises sont moins enclines que par le passé à aller en Bourse", indiquait récemment à latribune.fr Maïlys Ferrère, responsable des relations émetteurs midcaps chez CDC IXIS Capital Markets. A cela plusieurs raisons, comme le degré de transparence croissant exigé par les marchés, le coût induit pour les plus petites structures mais aussi la conjoncture économique qui n'incite pas à l'investissement et donc à la levée de capitaux. Et lorsqu'un rare candidat décide malgré tout de se lancer, rien n'est encore gagné puisqu'il peut, comme Dometic, se heurter à la frilosité de marchés échaudés par leurs déboires passés.Le risque est donc d'avoir à l'avenir un rétrécissement de l'univers d'investissement en Bourse. D'autant que les retraits de la cote (ou les projets de retrait) se multiplient. En France, Orange, Pechiney, Petit Bateau et Legris Industrie en sont les exemples les plus récents.Néanmoins pour divers observateurs, il n'y rien d'alarmant. D'abord parce que pour eux, il est normal que les introductions soient à l'avenir moins nombreuses que par le passé, certaines petites sociétés n'ayant plus leur place en Bourse. Ensuite, parce que "le problème est en grande partie conjoncturel", selon Maïlys Ferrère. La plupart des observateurs sont du même avis, qui attendent un prochain renouveau du marché des introductions une fois les perspectives économiques et boursières éclaircies.Ce qui se passe de l'autre côté de l'Atlantique est à cet égard de bon augure. Si le marché des introductions s'est avéré calme en début d'année et reste encore loin des niveaux des années précédentes, il a tout de même repris des couleurs à partir du mois de juillet, au vu des données diffusés par le site Internet ipohome.com. Ainsi, quelque 9 milliards de dollars ont pu être levés en 2003 via 51 introductions.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.