Regain d'inquiétudes autour de France Télécom

L'assemblée générale des actionnaires de France Télécom de ce matin, bien qu'elle n'ait pas réservé de surprise particulière, a provoqué un accès de fièvre autour de la valeur. Mardi, à la clôture, le titre perdait 7,53%, repassant sous la barre des 20 euros à 19,27 euros. Cette inquiétude traduit en particulier les incertitudes quant à l'augmentation de capital que doit mener l'opérateur. Ce matin, l'assemblée générale des actionnaires a approuvé le projet. Reste à savoir quelle sera la date choisie par le groupe pour faire appel au marché. Depuis quelques jours, les rumeurs s'intensifient sur la possible imminence d'une telle opération destinée à désendetter le groupe. L'augmentation de capital fait partie du plan de redressement financier baptisé "15+15+15" évoqué par le nouveau patron du groupe à l'automne dernier. Mais le PDG avait défini "trois fenêtres de tirs" possibles pour l'opération: en avril-juin 2003, à l'automne prochain ou avant la publication des résultats 2003, en tout cas avant fin juin 2004. Démentant les rumeurs sur l'imminence de l'opération, le patron de l'opérateur s'en est depuis tenu à ce discours. Mardi matin, Franck Dangeard, qui supervise la direction financière du groupe, s'est contenté d'affirmer que "le prix de souscription ne peut être donné par avance et dépendra des conditions de marché", en réponse aux questions des actionnaires, et a assuré que FT n'avait même pas encore choisi les banques conseils pour l'émission. Le choix d'une date pour cette opération s'annonce en tout cas délicat. La perspective d'une guerre en Irak entretient l'incertitude. Alors qu'ils commençaient à se redresser, les marchés financiers risquent donc de se maintenir durablement à la baisse. Si bien que finalement, selon certains professionnels, l'opérateur pourrait avoir intérêt à aller sur le marché le plus tôt possible. Du cash, Thierry Breton a répété ce matin que le groupe en aurait besoin, à hauteur de 15 milliards d'euros. Il a d'ailleurs assuré que le désendettement restait sa priorité. Fin décembre, la dette a été ramenée, comme prévu, à 68 milliards d'euros, contre 72 milliards en juin 2002, a également indiqué FT ce matin.Concernant la publication des résultats annuels prévue le 5 mars prochain, FT ne réservera pas de surprise. L'Ebitda sera "légèrement inférieur" à 15 milliards d'euros, ce qui est un petit peu moins bien que les prévisions faites fin janvier (lire ci-contre). Il avait alors dit qu'il attendait un résultat brut d'exploitation "largement supérieur" à sa propre prévision de 14,5 milliards d'euros, ce qui représentait une hausse annuelle de 15%. Le patron a répété ce matin l'objectif d'une croissance à deux chiffres du résultat brut d'exploitation cette année. Le groupe devrait ainsi dégager un cash-flow de 3 milliards d'euros en 2003 et de 6 milliards d'euros en 2006. FT s'en est également tenu à son objectif de 20 milliards d'euros d'Ebitda en 2005, soit une marge de 40% du chiffre d'affaires.Pour 2003, France Télécom a confirmé attendre toujours une croissance de 3 à 5% à périmètre constant. En 2002, le chiffre d'affaires, pénalisé par la morosité de la téléphonie fixe, a enregistré une croissance de 2,9% à 46,63 milliards d'euros.FT a également profité de la réunion pour solder le dossier MobilCom. Les actionnaires ont approuvé une résolution permettant de reprendre, sous forme de titres subordonnés à durée indéterminée remboursables en actions (TSDIRA), la dette de 7,1 milliards de l'opérateur allemand. A propos de l'enquête menée par la Commission européenne sur l'aide de l'Etat à l'opérateur, Thierry Breton s'est déclaré serein. "La Commission européenne est dans son rôle. Elle est en train de vérifier que l'aide à FT est totalement compatible avec le droit de la concurrence", a-t-il déclaré. Début décembre, l'Etat, qui possède 56,4% de FT, s'était dit prêt à octroyer, via un établissement public, une avance de 9 milliards d'euros. Somme dont le groupe n'a pas eu pour l'instant besoin.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.