Sega va fusionner avec un fabricant de pachinko

La survie est sans doute à ce prix: Sega va devoir affronter une énième mutation. L'éditeur de jeux vidéo japonais, qui subit les effets conjugués du flop américain de l'un de ses jeux de sport phare et de l'anémie de ses ventes en dehors du Japon, a annoncé qu'il fusionnerait avec un fabricant de jeux de pachinko, Sammy Corp. Sega, à la fois éditeur et fabricant de jeux d'arcade, avoue donc qu'il ne peut continuer la route seul et entame là un ultime virage stratégique. Les pachinkos sont des jeux dont le principe consiste à propulser, à l'aide d'une poignée, des billes d'acier dans une sorte de billard vertical à l'apparence d'un flipper, le but du joueur étant de récupérer le maximum de billes. Très populaires au Japon, les jeux de pachinko ont des dizaines de milliers de fans, qui se précipitent dans des salles de jeux au bruit assourdissant pour y dépenser des mois de salaire. Les jeux d'argent étant formellement interdits dans l'archipel, les gagnants vont ensuite échanger leurs billes contre des lots en nature. Pourtant, en dépit de l'engouement démesuré pour ce jeu, les sociétés de pachinko sont confrontées à un problème de croissance. "Les fabricants disposent généralement de beaucoup de liquidités et veulent étendre leur activité. Du coup, cela a un sens pour eux de s'allier avec des gens comme Sega qui ont du mal à faire croître leurs profits", a expliqué un analyste japonais à Reuters. Pour l'instant, les détails de l'opération n'ont pas été communiqués. Mais le nouveau groupe aurait une capitalisation boursière de 2,4 milliards de dollars, dont 54% générés par Sega.La nouvelle n'a pas surpris les analystes, qui s'attendaient à une initiative de la part de Sega, en plein désarroi. L'éditeur, qui a enchaîné 5 exercices dans le rouge, était pourtant bien optimiste en début d'exercice 2002-2003, après avoir publié un résultat d'exploitation dans le vert sur l'exercice précédent. Mais l'année 2002 a été marquée par de nouveaux revers. Sega a notamment complètement raté le lancement de "Sega Sports NFL 2K3" aux Etats-Unis, en dépit d'une campagne de promotion de 17,5 millions de dollars. Seulement 300.000 jeux ont été écoulés, un camouflet par rapport à l'objectif affiché de 1,6 million. Le Japonais a en effet été battu à plate couture par le numéro un mondial du secteur EA et son "Madden NFL 2003".Suite à cette déconvenue, le groupe avait revu à la baisse ses prévisions 2003, un exercice auquel il s'est encore adonné mercredi soir, toujours en raison de ses ventes aux Etats-Unis. Sega a réduit ses prévisions de bénéfices de 90% à 500 millions de yens contre une précédente prévision de 5 milliards de yens.La fusion avec Sammy Corp offrira-t-elle une renaissance à Sega? Le père du célèbre Sonic peine depuis des années à trouver sa place sur le marché du jeu vidéo. Début 2001, il avait dû notamment abandonner la fabrication de sa console, la Dreamcast, pour éviter la faillite. Il s'était depuis reconverti en pur éditeur de jeux, fournissant ses anciens rivaux, les Sony et leur Play Station ou les Microsoft et leur Xbox.
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