Les gouvernements européens hésitent toujours à privatiser

Reprise des marchés européens ? Apparemment, le timide rebond auquel on assiste depuis début mars n'est pas suffisant pour les gouvernements du continent. Ces derniers restent en effet encore frileux pour mettre sur le marché les entreprises privatisées. Ce lundi, deux déclarations sont venues confirmer cette frilosité. A Berlin, tout d'abord, le responsable des ventes d'actifs au ministère des Finances, Eberhard Rolle, a précisé que l'Etat entendait garder au chaud ses parts dans Deutsche Telekom et dans Deutsche Post en attendant des jours meilleurs."Au niveau actuel, nous n'avons pas vendu et nous ne vendrons pas. Si nous le faisons, ce sera quand les conditions de marché seront meilleures", a-t-il précisé. Eberhard Rolle a même donné des détails sur les cours auxquels l'Etat pourrait être intéressé par une vente. Pour Deutsche Telekom, il faudra attendre une remontée aux alentours de 30 euros, ce qui demanderait une hausse de 55% environ de l'action par rapport au prix actuel. Pour la Deutsche Post, Eberhard Rolle affirme que "si le cours monte significativement au dessus du prix d'introduction en Bourse (de 20,50 euros), on pourrait y penser". Il faudra encore attendre une hausse de 35% de l'action de la poste allemande. En Italie, on a tenu le même discours ce lundi. Le ministre italien de l'Industrie, Antonio Marzano, a ainsi annoncé qu'il est "difficile d'envisager" de nouvelles tranches de privatisation du groupe pétrolier Eni et de l'électricien public Enel. "Avec ces conditions de marché, ces privatisations me semblent difficiles", a-t-il confirmé. Là encore, donc, la reprise des marchés n'a pas convaincu le gouvernement qui, pourtant, est également en retard dans son programme de privatisation. L'équipe Berlusconi avait en effet prévu de dégager 20 milliards d'euros en 2002 et 2003, notamment grâce à la cession de sa participation dans Eni (30,33% du capital) et surtout dans Enel (actuellement 68,3%). Rome préfèrera la cession à des groupes privés plutôt que la mise sur le marché. C'est d'ailleurs ainsi que le pays mènera la privatisation de la régie de tabac Eti.Ces deux déclarations font suite à la décision du gouvernement portugais d'attendre 2004 pour privatiser le secteur de l'énergie. Carlos Tavares avait espéré vendredi que "les marchés des capitaux se portent mieux" d'ici là. Il serait donc impossible de privatiser en ce moment ? Peut-être, mais alors, impossible n'est pas norvégien. Ce matin, Oslo a indiqué qu'il lançait la vente sur le marché de 13,9% du capital de l'opérateur téléphonique Telenor. Dans un premier temps, seuls les institutionnels sont concernés. Les particuliers pourront acheter des actions la semaine prochaine. Quant au prix de mise sur le marché, il est modeste : la fourchette annoncée est de 29,95 à 31 couronnes norvégiennes, alors que le titre a clôturé vendredi à 31,40 couronnes. Apparemment, le gouvernement norvégien ne s'est pas posé de questions. "Le flottement de davantage d'actions peut déboucher sur une meilleure valorisation de la compagnie avec le temps", a déclaré le ministre de l'Industrie Ansgar Gabrielsen. Oslo espère récupérer autour de 900 millions d'euros de cette vente. Reste que la réaction des marchés parle d'elle-même. Le titre Telenor perdait 4,41% à 30,40 couronnes norvégiennes en fin de séance. Dans ce contexte, Paris semble vouloir suivre la voie de ses partenaires européens. La mise sur le marché d'actions Air France ou de celles de certaines compagnies d'autoroutes attendra donc encore.
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