Bien vendre... avec une moins-value

Bonne opération, mauvaise opération? Jusqu'à présent le bilan d'une cession était simple: un gain par rapport au prix d'acquisition est une bonne affaire, une vente à perte en est une mauvaise, à laquelle on se résout par besoin d'argent frais urgent ou pour se débarrasser d'un foyer de pertes. La vente de la société d'eau britannique Northumbrian Water par le groupe Suez, qui se solde par une moins-value de 360 millions d'euros par rapport à la valeur inscrite dans ses comptes, serait donc une de ces opérations un peu forcées, quasi honteuses, dont on ne saurait tirer une quelconque gloire, mais un simple soulagement, à demi coupable. Conclusion hâtive, s'empresse de commenter Suez, qui a révélé le montant de cette moins-value par souci de transparence. Le "bon raisonnement" selon Suez est ailleurs : si l'on réfléchit en termes de cash, en retraitant la mise de départ à l'acquisition en 1995 des dividendes perçus en six ans, le groupe a dégagé un plus qu'honorable taux de rendement interne de 12,6%. Et la banque conseil du groupe, Morgan Stanley, de faire valoir que les multiples de valorisation qui ressortent de la transaction s'élèvent à 8,7 fois l'excédent brut d'exploitation et 102% de la valeur d'actif régulé calculée par l'OfWat, l'organisme de régulation de l'eau britannique, contre 7,7 fois en moyenne et 88% à 92% pour les autres sociétés du secteur cotées à Londres. Et à l'époque, en 1995, Suez avait payé un multiple de 6,6 fois l'excédent brut d'exploitation, relève-t-on chez Suez. Cerise sur le pudding, Suez reste le premier actionnaire de Northumbrian en investissant 15% de la mise totale en capital, seulement 185 millions d'euros, ce qui lui attribue cependant 25% du capital de la nouvelle société constituée par les repreneurs, du nom cocasse d'Aquavit. Surtout, pour une fois, pas de lock-up, ces engagements de conservation contraignants, ni de mécanismes d'option de vente ou d'achat à la Vivendi : Suez est entièrement libre de vendre ses 25% quand bon lui semble, dès que la société sera officiellement introduite à la Bourse de Londres dans six mois. Mais Suez se défend de toute approche à court terme : il n'est pas question de vendre dans six mois, affirme le groupe. Qui cependant se réjouit de bénéficier d'un "upside", un potentiel de revalorisation de sa part, "à moyen terme". En d'autres termes, Suez a vocation à sortir plus tard et espère bien dégager, à ce moment là, une plus-value...
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